(Agence Ecofin) – Entre les incertitudes entourant les droits de douane américains et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, les prix du cuivre ont connu un début d’année marqué par une forte volatilité. Le marché du métal rouge demeure néanmoins sensible à l’évolution de plusieurs facteurs clés.
Dans son rapport « Copper Market Forecast 2025/2026 » publié le lundi 28 avril, l’International Copper Study Group (ICSG) a revu à la hausse sa prévision d’excédent mondial de cuivre raffiné pour 2025, désormais estimé à 289 000 tonnes contre 194 000 tonnes estimées auparavant.
Si les conséquences précises de cette révision sur l’équilibre du marché restent à observer, cette annonce intervient dans un contexte où les prix mondiaux du cuivre évoluent déjà sous tension, dans un climat d’incertitude notamment alimenté par les politiques commerciales américaines.
Un prix du cuivre oscillant entre 4 et 5 $ depuis janvier
Selon des données relayées par Investing News Network, les premiers mois de l’exercice 2025 ont été marqués par une certaine volatilité des prix du cuivre. Le métal rouge est notamment passé d’un prix de 3,99 $ la livre début janvier à 4,40 $ à la mi-janvier, avant de terminer le mois à moins de 4,25 $. Fin mars, le métal rouge a brièvement franchi un record historique à 5,22 $ la livre, avant de redescendre.
Selon Trading Economics, les contrats à terme sur le cuivre s’affichent à 4,63 $ la livre lors de la séance du vendredi 2 mai. Cette volatilité s’explique en partie par les incertitudes liées aux nouvelles taxes douanières américaines, qui ont provoqué un écart de plus de 10% entre les prix du Chicago Mercantile Exchange (CME) et ceux du London Metal Exchange (LME) à la mi-février, selon ING. Ce différentiel a encouragé les négociants à réorienter leurs stocks vers les États-Unis, qui importent environ 45% du cuivre qu’ils consomment.
Parallèlement, les dynamiques fondamentales d’offre et de demande continuent d’influencer le marché. La Chine, qui absorbe près de 50% de la consommation mondiale, a affiché une forte demande cette année, malgré une baisse des importations due au détournement des stocks vers les USA. Le Yangshan premium, un indicateur de l’appétit des consommateurs chinois pour le cuivre, a bondi de 114% en mars, selon les données du London Stock Exchange, citées par Reuters.
Cette situation a toutefois coïncidé avec des contraintes opérationnelles dans plusieurs pays producteurs majeurs, comme le Chili ou l’Indonésie, provoquant un déséquilibre au niveau de l’offre. Selon Crux Investor, un déficit de 4,5 millions de tonnes observé en début d’année aurait contribué à la flambée des prix.
Des perspectives encore incertaines pour 2025
Les mois à venir restent marqués par des perspectives contrastées. La banque suisse UBS prévoit un prix moyen oscillant entre 4,75 $ et 5 $ la livre pour 2025, misant sur un déficit d’offre soutenu par la demande dans les secteurs des véhicules électriques (VE) et des énergies renouvelables. De son côté, la Commission chilienne du cuivre (Cochilco) table sur une moyenne plus prudente, autour de 4,25 $/lb, en lien avec la transition énergétique.
Cependant, des signaux récents indiquent une possible modération de la demande mondiale en métaux critiques, dont le cuivre. En cause, les effets de la guerre commerciale de Washington sur les perspectives économiques mondiales. Le Fonds monétaire international (FMI) récemment a abaissé sur cette base sa projection de croissance mondiale de 3,3% à 2,8%. Dans ces conditions, l’ICSG a révisé à la baisse sa prévision de croissance de la consommation de cuivre raffiné à 2,4% en 2025, contre 2,7% dans ses prévisions annoncées en septembre 2024.
Il reste à voir comment ces facteurs pourraient influencer l’évolution du marché du cuivre, particulièrement en ce qui concerne les prix. Les grands producteurs africains, tels que la RDC, la Zambie, ou encore la Namibie, devront probablement suivre ces dynamiques de près.
Aurel Sèdjro Houenou
Edité par : Feriol Bewa