(Agence Ecofin) – Alors que la RDC cherche à mieux intégrer sa population aux chaînes de valeur minières, le développement de compétences techniques locales devient un enjeu stratégique pour une croissance inclusive et durable dans les régions extractives.
À l’occasion du 20e anniversaire de la semaine minière de la République démocratique du Congo (RDC), la société Kamoa Copper SA, troisième plus grande mine de cuivre au monde, a conclu avec la Chambre des métiers et de l’artisanat du BTP (CMA-BTP) un accord visant à renforcer la formation professionnelle dans le secteur minier. Selon les informations relayées lundi 7 juillet par la plateforme Mining Review Africa, ce partenariat a débouché sur le lancement d’un centre d’excellence dédié aux métiers techniques, notamment en ingénierie électrique, implanté au sein du complexe industriel de Kakula, dans la province du Lualaba.
Soutenu par l’Autorité de régulation de la sous-traitance (ARSP), ce programme vise à professionnaliser la main-d’œuvre locale, en combinant formation certifiante, validation des acquis (RAE) et immersion en situation réelle. Les 87 premiers stagiaires bénéficieront d’une certification selon la norme ISO 9001:2015, reconnue à l’échelle internationale.
Ce centre représente une avancée majeure pour les jeunes des zones minières, souvent écartés des emplois qualifiés. En les dotant de compétences techniques standardisées, l’initiative facilite leur accès à des métiers stables et mieux rémunérés. Elle crée ainsi un lien direct entre apprentissage et insertion économique, dans l’un des secteurs les plus dynamiques du pays. Selon la Banque mondiale, l’industrie minière représente plus de 90 % des exportations de la RDC, mais reste peu inclusive faute de main-d’œuvre formée.
Le pays souffre d’un déficit structurel de compétences adaptées aux besoins industriels. En misant sur une coopération entre entreprises, autorités publiques et organismes de certification, ce programme entend constituer un vivier qualifié de techniciens certifiés. « Nous devons professionnaliser et certifier nos talents pour leur permettre d’intégrer pleinement la chaîne de valeur », a déclaré Annebel Oosthuizen, directrice générale de Kamoa Copper, lors de la cérémonie.
La réussite de cette initiative dépendra de sa capacité à durer et à s’élargir à d’autres filières comme la mécanique, l’automatisation ou la gestion des ressources. D’autres pays africains ont développé des modèles similaires, tels que le Maroc avec ses cités des métiers (OFPPT) ou le Ghana avec ses centres d’enseignement et formation techniques et professionnels (EFTP). En RDC, un financement stable, un encadrement qualifié et un suivi rigoureux seront essentiels pour garantir un impact durable. Si ces conditions sont réunies, le centre de Kamoa pourrait devenir une référence régionale en matière de formation industrielle.
Félicien Houindo Lokossou (stagiaire)
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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