A Vivatech s’expose une multitude d’inventions extraordinaires, d’innovations salutaires et de visions nécessaires. Il est intéressant de porter notre regard sur une industrie qui profite à raison de l’évolution exponentielle de l’intelligence artificielle : l’industrie financière à travers la fintech. Que ce soit dans la banque de détail de marché ou dans l’assurance, l’IA permet à ces domaines de se transformer en profondeur afin de faciliter l’accès et le fonctionnement des différents produits et services proposés aux clients. Cette transformation se doit inclusive en assurant les mêmes chances d’émancipation financière et économique à chacun, peu importe son genre ou son âge par exemple. Pour cela, la fintech doit être résolument inclusive.
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Vivatech, et l’émergence de start-up dans le domaine de la finance technologique, est l’occasion d’évoquer les nombreuses discriminations qui existent encore aujourd’hui chez les femmes qui gagnent et épargnent moins que leurs homologues masculins. A l’ère de l’IA, ces discriminations historiques, toujours d’actualité pour certaines d’entre elles, se retrouvent dans les outils d’IA que nous utilisons parfois au quotidien, le domaine financier en fait bien évidemment partie.
Discriminations. Que ce soit par exemple pour évaluer le risque d’attribution d’un prêt ou estimer une ligne de crédit, les technologies d’IA employées ont été construites sur des jeux de données a priori biaisés ou discriminatoires, qui renforcent les biais historiquement présents dans la société. Le cas de l’application Apple Card en 2019 qui estimait des lignes de crédit jusqu’à vingt fois plus élevées pour des hommes que pour des femmes aux mêmes conditions de revenus et fiscaux, en est un triste exemple.
Les acteurs de la fintech doivent prêter une attention particulière à ces biais sociaux et technologiques pour garantir une finance inclusive et une inclusion financière. Alors que la finance inclusive traduit l’utilisation de technologies financières utilisant de l’IA qui traitent de manière équitable les individus, l’inclusion financière traduit un accès équitable aux produits et services financiers par des actions bien humaines.
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Cela passe par de bonnes méthodes de conception de ces outils d’IA, une meilleure compréhension et considération des clients, ou encore la mise en œuvre de métriques pour suivre l’évolution du niveau d’inclusion financière au sein des produits et des services proposés. Bien évidemment, une plus grande diversité au sein des équipes des entreprises de fintech est fondamentale pour permettre de penser les solutions d’IA en finance pour tous les types d’individus peu importe leur âge, leur genre ou leur classe socio-professionnelle. Les fintech ont un défi majeur en contribuant à l’intégration des publics éloignés des sujets financiers comme les plus jeunes, les femmes et les classes socio-professionnelles défavorisées.
Les solutions d’IA peuvent permettre de proposer des services de qualité en finance de détail auprès de tous les types de clients peu importe leurs revenus, mais aussi d’éliminer les biais de genre. D’ici quelques années, avec l’émancipation des femmes qui ne cesse de grandir et la transition démographique, plus de la moitié de la richesse mondiale sera entre les mains des femmes. De toute évidence, la finance inclusive et l’inclusion financière sont un enjeu économique majeur pour tous les acteurs de la fintech.
Isabelle Le Bot est directrice générale de La France Mutualiste. Aurélie Jean est docteur en sciences et entrepreneuse. Elle a notamment publié Le code a changé. Amour et sexualité au temps des algorithmes (L’Observatoire, 2024).