Cybersécurité, IA, conformité, rentabilité… Les fintechs doivent composer avec des paramètres toujours plus complexes pour espérer croître sans vaciller. Dans le quatrième volet de cette série consacrée aux défis des fintechs, Finyear fait le point sur le financement des Fintechs. Si la réalité économique est venue mettre fin à la période d’euphorie, il semblerait bien que certaines fintechs n’aient pas dit leur dernier mot.
Après deux années de désillusion, les fintechs renouent avec les investisseurs. En 2024, les montants levés sont repartis à la hausse (+28 % selon France FinTech, +20 % selon l’Observatoire de la Fintech), atteignant 1,3 milliard d’euros, mais sur un volume d’opérations en recul : 101 selon France FinTech (contre 130 en 2023), 92 selon l’Observatoire de la Fintech (contre 140 en 2023). Traduction : les tickets sont plus gros, les dossiers plus scrutés. Le ticket moyen bondit ainsi de 64 % à 12,6 millions d’euros selon France Fintech.
Une reprise sélective du financement
François Assada, Responsable du marché Fintech pour KPMG en France, confirme cette mutation. « Les années 2021 et 2022 ont été des anomalies, portées par un argent abondant et peu cher. Depuis, le financement est devenu plus rare, et les investisseurs plus sélectifs. Les fintechs ont dû murir », partage-t-il. « Il ne s’agit plus de lever pour croître, mais de créer de la valeur réelle et mesurable », ajoute-t-il, soulignant également un véritable retour aux fondamentaux.
Le B2B, nouveau standard ?
François Assada partage ce constat. « Quand une fintech n’a pas atteint la rentabilité en 2024 et n’a pas levé récemment, elle est probablement en difficulté. Mais beaucoup se sont montrées agiles et ont restructuré leurs bases de coûts rapidement. Certaines, si elles n’ont pu faire un nouveau tour de table, ont réussi à faire des ‘financements bridge’ », explique-t-il.
Cette rationalisation a accouché d’un nouveau paradigme : la domination du B2B. Selon l’Observatoire de la Fintech, 84 % des montants levés en 2024 par les fintechs françaises concernent des modèles B2B. Finance embarquée, assurtech, cybersécurité, ESG : les investisseurs visent des segments offrant un chemin plus court vers la monétisation.
Vers une nouvelle génération de fintechs AI-native
Un pari partagé par Denis Barrier. « L’IA et l’automatisation permettent des gains de productivité majeurs. Elles deviennent indispensables, tant pour les usages internes que pour proposer une nouvelle expérience client », avance-t-il. « Ces outils vont aussi transformer la fonction de conseil, en mettant entre les mains des collaborateurs des entreprises des agents intelligents capables de leur proposer, au bon moment, la bonne décision financière », ajoute-t-il.
Chez KPMG, François Assada dresse le même constat. « Beaucoup de fintechs que nous accompagnons ont activé ce levier pour faire mieux avec moins. La réduction des coûts a parfois précipité l’adoption de l’IA », constate-t-il. Il note aussi que l’IA devient un élément clé de valorisation, et non plus un simple outil de productivité. « Ce que les clients perçoivent, ce sont des réponses plus rapides, plus personnalisées, mieux documentées. Cette qualité de service crée un avantage concurrentiel durable », détaille-t-il.
Le mouvement semble enclenché, et le financement revient, mais e mode “survie” ne suffit plus. Les investisseurs ont des exigences claires et pour espérer convaincre, les fintechs devront conjuguer rigueur opérationnelle, efficience capitalistique et rupture technologique.
Manon Triniac
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