En 2024, la Tunisie est apparue comme un acteur important du secteur de la fintech au Moyen-Orient et en Afrique, se positionnant comme un pont culturel et technologique entre les régions francophones, arabes et africaines
A cheval sur les cultures francophone, arabo-nord-africaine et africaine, le pays a le potentiel de servir de passerelle entre ces diverses régions du Moyen-Orient et de l’Afrique, estime The FintechTimes.
Bien qu’il soit confronté à divers défis, allant de l’économie à la politique en passant par les questions de sécurité, le pays a fait des progrès dans son paysage technologique et reste relativement stable et développé par rapport à ses pairs.
Le gouvernement tunisien a pris des mesures proactives pour favoriser un écosystème florissant de startups et améliorer l’infrastructure numérique, reconnaissant l’entrepreneuriat comme un catalyseur de la croissance économique. Des initiatives telles que la stratégie Digital Tunisia 2020 et l’adoption du Startup Act démontrent l’engagement de la Tunisie à donner la priorité à la transformation numérique.
Un environnement fortement réglementé
Cependant, l’environnement réglementaire en Tunisie semble être fortement réglementé, ce qui pose des obstacles potentiels à la facilitation future ainsi qu’à la croissance de la communauté des startups au sens large. En 2019, moins de 40 % des Tunisiens âgés de 15 ans et plus avaient un compte bancaire, ce qui est inférieur à la moyenne du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), ce qui indique un accès limité aux services financiers formels. L’argent liquide reste également très répandu dans le pays, puisque seulement 8 % de la population possède une carte de crédit, ce qui est inférieur à la moyenne régionale.
Malgré ces défis, le service postal tunisien, La Poste, a émergé comme un fournisseur populaire de produits fintech, desservant plus de six millions de personnes avec des comptes financiers. Le pays est prometteur pour la poursuite de la numérisation, avec un taux de connexion mobile supérieur à 150 % de sa population et une base d’utilisateurs Internet significative de 66,7 %.
Néanmoins, des améliorations sont nécessaires, comme le montre l’insatisfaction des fintechs tunisiennes à l’égard du cadre réglementaire national. Plus de la moitié des fintechs tunisiennes perçoivent l’environnement réglementaire comme décourageant, soulignant la nécessité de réformes pour favoriser un écosystème plus propice à l’innovation.
Parmi les fintechs opérant en Tunisie figurent Bitaka (qui propose des services de transfert mobile), Kaoun (qui fournit des solutions logicielles financières) et Paymee (qui propose des solutions de traitement des paiements).
Les régulateurs peu informés des défis des fintechs
53 % des fintechs tunisiennes considèrent le cadre réglementaire national comme « décourageant », selon la 1ère édition du baromètre tunisien des fintechs publié par TunisianStartups.
Les deux réglementations qui posent le plus d’obstacles à ces startups des technologies financières sont le code des changes et la loi sur les établissements de paiement, selon le baromètre qui a été réalisé en partenariat avec Matine Consulting avec le soutien de l’Agence allemande pour la coopération internationale (GIZ), pour évaluer l’état de l’écosystème des fintechs en Tunisie.
Selon l’étude, l’administration et les régulateurs semblent « insuffisamment » informés des défis et besoins spécifiques des fintechs. De plus, « l’absence du Sandbox depuis deux ans » a creusé « le fossé entre le régulateur et les startups ».
La BCT décrit le Sandbox comme un « environnement de test pour suivre l’expérimentation de solutions innovantes proposées par les fintechs à petite échelle et avec des clients volontaires ».
Son absence prive les fintechs d’un environnement réglementé pour tester leurs produits et services, et simplifie les procédures d’autorisation et de conformité, explique le baromètre.
En ce qui concerne l’accès au financement, les fintechs ont affirmé être plus réceptives aux fonds d’investissement et aux Business Angels (individus investissant dans des entreprises innovantes à fort potentiel) qui ont une meilleure compréhension de leurs profils de risque.
Cependant, les taux de rendement internes exigés par les fonds sont trop élevés pour les fintechs.
En termes d’accès aux marchés, 74% des start-ups affirment que l’attrait de leurs solutions pour le consommateur final s’améliore, révèle le baromètre.
Et 42% pensent que les institutions financières deviennent plus coopératives, tandis que 53% ne voient pas de changement.
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