Dans les ateliers nantais, une créature de bois et de métal prend vie : le Varan de Voyage. Imaginé par François Delarozière, et façonné par les mains expertes de la Compagnie La Machine, ce saurien mécanique rejoindra le Dragon de Calais pour notamment un spectacle inédit en novembre prochain.
Dans les coulisses des ateliers : la naissance d’un géant
À Nantes, l’atelier de la compagnie La Machine bruisse d’activité autour d’un chantier exceptionnel : la construction du Varan de Voyage. Cinq ans après l’arrivée du Dragon de Calais, François Delarozière et son équipe poursuivent leur aventure mécanique avec ce nouveau saurien, conçu pour explorer les quartiers de Calais dès novembre prochain.
Un défi technique et artistique
À l’abri des regards, le Varan de Voyage, monstre de 15 mètres de long et 27 tonnes, poursuit sa métamorphose. Comme un immense jeu de construction, les machinistes assemblent les pièces qui donneront vie à la créature. Corentin, sculpteur et menuisier, détaille la complexité de la tête articulée : « La sculpture, objet fixe, doit s’adapter à un corps en mouvement. C’est délicat, car chaque axe – vertical, horizontal, dodelineage – doit permettre une interaction naturelle avec le public. »
Pour rendre la bête la plus réaliste possible, les artisans s’inspirent de l’anatomie du varan pérenti, un lézard rapide et élancé. Benjamin Clément, coordinateur, insiste : « On veut que le varan pose vraiment ses pieds au sol. Cela sollicite énormément la structure, surtout sur des terrains irréguliers. Il faut une mécanique capable d’encaisser les chocs, peu importe l’environnement. »
REPORTAGE Spéciale Varan à Nantes et Calais
La force du collectif
Dans ce vaste hangar, plus de cent métalliers, hydrauliciens, menuisiers et techniciens collaborent chaque jour. Pierre Bellivier, constructeur de machines de spectacle, souligne l’importance du travail d’équipe : « La collaboration est permanente. On échange sans cesse entre l’artistique et le technique. Personne n’est isolé sur une seule partie. »
Un patrimoine vivant et partagé
Chaque année, les créations de La Machine attirent près de 700 000 visiteurs à Nantes. Exceptionnellement, l’atelier a ouvert ses portes à 150 Calaisiens, invités à découvrir en avant-première le Varan de Voyage. Si la couleur finale reste secrète, les visiteurs ont pu observer de près le moteur, les effets spéciaux et l’ingéniosité du mécanisme. Mathieu Szymkowiak, éducateur sportif qui travaille dans les quartiers avec les jeunes, témoigne : « Je suis impressionné par la complexité de l’ouvrage. C’est pharaonique, du travail des ingénieurs à la partie technique. Je ne m’attendais pas à une telle prouesse. »
Le Varan, ambassadeur des quartiers
Contrairement au Dragon, qui évolue sur le front de mer, le Varan de Voyage sillonnera plusieurs quartiers, notamment le Beau-Marais. La ville mène un travail de médiation pour impliquer les habitants dans l’accueil de ce nouvel arrivant. Carine Anot, directrice du développement des publics, explique : « L’idée, c’est que le Varan se glisse dans les quartiers, s’immisce dans le patrimoine existant et devienne le Varan de tous les Calaisiens. »
Géraldine et Hélène, ambassadrices de quartier, espèrent que l’arrivée du Varan dynamisera la ville : « Ça va faire un changement, il y aura plus d’animation. Ça remet en valeur ce qu’il y a sur les murs, le street art, tout ça. »
Images drone Mairie de Calais
Un spectacle fédérateur et mystérieux
Le Varan fera ses premiers pas cet été avant de rejoindre Calais pour trois jours de spectacle en novembre. Pauline David, médiatrice, dévoile un peu du scénario : « Le Varan ne viendra pas seul, c’est le dragon qui va l’appeler grâce à des ultrasons. L’idée, c’est qu’une famille de sauriens arrive à Calais et écrive une nouvelle histoire avec les habitants. »
Florent, visiteur, résume l’attente : « J’attends le spectacle avec impatience. On ne sait pas si le Varan va s’entendre avec le Dragon, s’il y aura une dispute… Suspense ! »
Reportage E.Cocq/C.Peltin/S.François de France 3 Hauts-de-France