Il faut dire que la société messine, avec son partenaire Storengy (filiale d’Engie), a sans doute compris la nécessité « d’être transparent », « sans tabou …
Il faut dire que la société messine, avec son partenaire Storengy (filiale d’Engie), a sans doute compris la nécessité « d’être transparent », « sans tabou » confirmait Nicolas Pelissier, président et cofondateur de 45-8 Energy. « On se doute qu’il y a des interrogations » nota le dirigeant en préambule.
Mercredi, ce fut donc opération pédagogie et séduction (avec cocktail prévu en fin de réunion), surtout pour expliquer les contours de la future exploration qui doit dénicher les coins à hydrogène natif, comme il existe des coins à champignons. Et pour cela, on l’a déjà dit, le cœur du département, entre Béarn et Soule, est particulièrement regardé.
« Le périmètre du permis, 266 km2 sur 36 communes, est tout proche de la cuisine à hydrogène » sourit Benoît Houville, directeur général et cofondateur de 45-8 Energy. Comprendre que l’histoire géologique a fait qu’un gros morceau de manteau s’est retrouvé pris dans les Pyrénées, et donc seulement à 6 ou 8 km de profondeur, plus accessible, contre la quarantaine habituellement.
Or, les roches de ce manteau, les péridotites, sont indispensables pour la production d’hydrogène naturel. « L’eau va altérer cette roche et donner de la serpentine et de l’hydrogène. Le gaz va ensuite remonter à la surface ou s’accumuler dans des roches poreuses » explique le géologue de formation.
Gravimétrie, sismique passive et relevés de fuites
L’objectif désormais, trouver le site qui a le meilleur potentiel industriel. Pour cela, « les travaux qui seront réalisés dans le cadre du permis seront de faible envergure et auront un impact très limité sur l’environnement » veulent d’emblée rassurer les professionnels qui ont fait face, parfois, à des expressions prônant plutôt la décroissance ou l’anticapitalisme. « Nous n’avons pas de problème avec les associations de défense de l’environnement. On ne se cache pas » assure Nicolas Pelissier.
Les premières mesures sont attendues pour la fin de cet été. Cela débutera par des opérations de gravimétrie, deux personnes à pied qui parcourront la zone du permis, afin de mesurer le champ de pesanteur. 250 relevés sont envisagés, sur trois semaines.
« Nous allons beaucoup nous appuyer sur les données géologiques et géophysiques existantes. On en a déjà beaucoup, acquises entre les années 70 et 2000. L’idée est de les retraiter avec les méthodes modernes » précise Benoît Houville. Ensuite, au printemps 2026, ce sera une phase de sismicité passive : grâce à des capteurs, il s’agira de réaliser l’imagerie de la structuration du sous-sol en mesurant le bruit ambiant naturel. À ce stade, l’utilisation de camion vibrateur n’est pas envisagée.
Enfin, pour compléter l’exploration, à l’été 2026, des recherches se concentreront dans des zones de failles et de fractures afin de caractériser les fuites d’hydrogène sur plusieurs mois.
De gauche à droite : Louise Lenoir, cheffe de projet « Grand Rieu » chez 45-8 Energy, Sandra Moro, cheffe de projet hydrogène chez Storengy, Nicolas Pelissier, président de 45-8 Energy, Constant Maton, directeur des projets de développement chez Storengy, et Benoît Houville, directeur général de 45-8 Energy.
Pierre-Olivier Julien
Toutes ces acquisitions constitueront la première étape, sur le temps du permis délivré il y a quelques semaines pour une durée de cinq ans. La cinquantaine de personnes présentes mercredi, dont quelques élus, a surtout eu des questions sur l’après, si l’exploration s’avère positive, prometteuse.
« Il y aura une campagne de forage pour estimer le débit, la composition des gaz… Mais il faudra d’abord faire une nouvelle demande de concession, avec de nouvelles études sur plus de deux ans. On est vraiment sur le temps long. On ne peut pas griller les étapes » explique Nicolas Pelissier.
Entre 8 000 et 40 000 tonnes d’H2 par an ?
Si le temps de la production vient, « ce ne sera pas avant 2030 ou 2032 ». Une estimation de 8 000 à 40 000 tonnes d’hydrogène par an est avancée (pour une économie d’un demi-million de tonnes de CO2). Le volume conditionnera la taille de l’unité, des pipelines (vers Lacq), « mais on met un point d’honneur à ce que nos projets s’intègrent dans l’environnement, soient discrets dans le paysage. On ne va pas faire un Lacq 2 » ajoute le président de 45-8 Energy en montrant des vues de ses autres projets en Europe.
Le dirigeant a aussi mis en avant l’importance des débouchés (pour les mobilités, l’industrie lourde à décarboner) et de valoriser « localement » cette source d’énergie primaire. « Le bassin de Lacq est déjà l’un des plus grands utilisateurs d’hydrogène. Il pourrait absorber la totalité de cette production » pointe Nicolas Pelissier.
Celui-ci notera au passage le versement de redevances spécifiques à 70 % aux communes concernées par la production et 30 % au Département. Le président a enfin poussé à ce que cette aventure industrielle soit « co-construite » avec les citoyens. Et a promis des rendez-vous réguliers avec le public.