« Les technologies et le matériel agricole évoluent. Certains pulvérisateurs sont équipés de capteurs, ouvrant la voie à une pulvérisation de précision, qui applique la bonne dose au bon endroit et qui s’arrête quand il le faut ». Selon, Anne Alix, référente francophone de l’agriculture de précision et Policy leader au sein de Corteva, « intégrer l’agriculture de précision aux futures évaluations européennes aurait du sens ». C’est d’ailleurs pour cela qu’a été créée en juin 2023 l’Eupaf, une task force européenne dédiée à cette thématique (European Precision Application Task Force), dont Anne Alix est co-coordinatrice. « Il y a, en plus des développements réglementaires et stratégiques au niveau européen, cette demande sociétale d’être plus économe en produits phytosanitaires, en énergie et en ressource en eau », concède Anne Alix.
Cette plateforme scientifique a pour vocation de rassembler l’expertise dans les applications de précision et les mesures d’atténuation des risques, et d’engager un dialogue avec les experts dans le développement d’équipements d’application de précision. Plus de 130 membres – des agriculteurs aux scientifiques d’instituts techniques, en passant par les évaluateurs des risques des organisations publiques et privées ainsi que des organismes de recherche – partagent leurs données scientifiques pour faciliter la reconnaissance des applications de précision. « Que la culture soit des carottes ou des céréales, notre objectif est d’identifier le type d’équipement qui peut être utilisé, dans quelle mesure il permet de réduire l’utilisation des produits, et avec quelle efficacité », précise Anne Alix.
Développer des étiquettes digitales
Le projet AgriGuide de CropLife Europe s’inscrit également dans cette logique de partage. Son objectif : mettre à disposition des agriculteurs une application téléchargeable sur un téléphone, une tablette, ordinateur fixe ou portable donnant accès à un système d’étiquette digitale. « Nous avons également inclus à ce projet un panel d’agriculteurs, pour nous assurer que nous développons un outil répondant à leur demande afin qu’ils soient les bénéficiaires principaux de ce progrès. Et ce, quel que soit le niveau technologique que le professionnel est capable d’adopter », insiste Anne Alix.
Une première version de cette application, qui peut scanner l’équivalent du code barre et sert de base de données à des étiquettes digitales, a été testée en Allemagne, en Roumanie et en Italie pays pilotes. L’objectif étant d’étendre la digitalisation aux 27 pays de l’Union européenne d’ici la fin de l’année 2026. « Notre objectif était d’avoir une version de l’outil à tester auprès des agriculteurs. Il est impératif que ce dispositif soit utile, que les informations soient facilement accessibles, qu’il permette d’accéder aux conditions d’emploi pour un usage particulier et d’authentifier le produit afin de s’assurer qu’il ne s’agisse pas d’une contrefaçon », ajoute Anne Alix.
L’autre intérêt de l’application ? Elle permet aux agriculteurs de sauvegarder leurs données, de garder un enregistrement des produits qui ont été utilisés sur une culture. « La réglementation impose de garder une copie électronique des emplois des produits phytopharmaceutiques. C’est un travail administratif en plus pour ces professionnels et ces données sont en général collectées de façon disparate. Le fait de développer un outil pour l’ensemble des produits autorisés au niveau des 27 permet de collecter les données de façon homogène », explique Anne Alix. Dans une version ultérieure, ces étiquettes digitales permettront de communiquer avec les pulvérisateurs équipés et d’avoir un transfert d’instructions d’emploi entre les différents outils utilisés.
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