Trois mois avant le Hellfest, la grande messe annuelle des fans metal, le festival débute ce mercredi 12 mars une tournée française de seize dates appelée Warm-up Tour et qui fera étape à Nîmes le 22 mars. L’occasion d’interroger ces accros au metal en Occitanie.
Pauline Poueymiro a 32 ans, travaille dans la fonction publique et vit à Montpellier. Chez elle, le metal, “c’est une affaire de famille”. Ses parents, son compagnon mais aussi son frère, tout le monde autour d’elle en écoute.
Un concert en famille
Fin mars 2024, le groupe de black et de death metal polonais Behemoth se produit à la Cité de la musique à Paris pour un show visuel plus qu’impressionnant. En même temps se tenait une exposition sur le metal regroupant objets, costumes, guitares retraçant l’histoire de ce style. La famille Poueymiro n’hésite pas à se rendre dans la capitale.
Le calendrier complet du Warm-up Tour
- le 12 mars à Morlaix,
- le 13 mars à Caen,
- le 14 mars à Laval,
- le 15 mars à Orléans,
- le 16 mars à Oignies,
- le 18 mars à Mulhouse,
- le 19 mars à Chalon-sur-Saône,
- le 20 mars à Cluses,
- le 21 mars à Saint-Étienne,
- le 22 mars à Nîmes,
- le 23 mars à Nice,
- le 25 mars à Marseille,
- le 26 mars à Toulouse,
- le 27 mars à Bordeaux,
- le 28 mars à Paris,
- le 29 mars à Nantes
“C’était un cadeau à Noël 2023. J’ai décidé d’offrir les places pour le concert de Behemoth à tout le monde. Mon père est fan absolu du groupe et mon frère est gendarme en région parisienne, donc on a allié l’utile à l’agréable”, explique la Montpelliéraine.

“C’était très beau. J’aime bien mais ce n’est pas un des groupes que j’écoute le plus. Et effectivement, c’était bien meilleur en concert, on entend mieux. Pour moi, Behemoth c’est du théâtre.”


Cette passion pour le metal est visiblement héréditaire. “On a été bercé là-dedans par nos parents qui aiment beaucoup ça. Ce sont eux qui m’ont donné goût à cette musique. Puis à l’adolescence j’ai commencé à explorer mon style à moi”, note la Montpelliéraine. Korn, Slipknot et Sepultura ont été les prémices, avant de s’orienter vers d’autres styles comme le metal folklorique ou d’autres plus violents.
Tout le monde crie, on dirait une armée de Vikings face à un spectacle
Mais ce qu’elle préfère, ce sont les live. “Quand on va à un concert, on sent vraiment de la cohésion. Tout le monde crie, on dirait une armée de Vikings face à un spectacle. On en prend plein les yeux, plein les oreilles, c’est très scénographique.”
Les metalleux victimes de stéréotypes
Bien qu’il fédère des millions de personnes dans le monde entier, le metal est considéré comme un style de musique extrême. Pour Guillaume, Héraultais de 38 ans, il faut se “faire l’oreille” avant de prendre plaisir à écouter ce genre. “Je comprends que ça reste assez confidentiel car il y a un côté très agressif. On ne peut pas apprécier la musique de Behemoth ou Napalm Death tout de suite, il faut écouter des choses plus accessibles avant”, explique-t-il.
Nous ne sommes pas des bêtes assoiffées de sang, retournant des croix dans les cimetières un soir de pleine lune
Les millions de metalheads (metalleux) ont souvent été victimes de stéréotypes. “Dans les années 90-2000, les metalleux sont mal perçus. Nous ne sommes pas des bêtes assoiffées de sang, retournant des croix dans les cimetières un soir de pleine lune”, fustige Jean-Sébastien, 43 ans, à Midi Libre.
Ce passionné depuis plus de 30 ans rappelle qu’il n’y a pas de profil spécifique pour écouter ce style. “Pour un grand nombre d’entre nous, nous avons un travail, une femme, des enfants. Nous sommes cadre d’entreprise, infirmier, électricien, conseiller en assurances…”
“Le metal est bien plus qu’un style musical, c’est une identité”
Si l’on en croit ce témoignage, être metalleux ne se cantonne pas à écouter les riffs de guitares et les kicks de grosses caisses déchaînés, c’est une véritable passion. “À mes yeux, le metal est bien plus qu’un style musical, c’est une identité, une mentalité et une communauté formidable, qui, contrairement aux apparences, est remplie de bienveillance, de tolérance et de respect”, explique Antoine, un jeune Drômois de 25 ans.
“C’est mon oxygène”
Comment expliquer cet amour inconditionnel pour le metal ? Il y a d’abord la structure musicale. “Il faut aussi bien noter que c’est de la musique composée, il y a vraiment du travail derrière”, souligne Guillaume.
Mais il y a aussi les émotions que procure ce genre, une véritable évasion. “Je suis amoureuse du stoner, sludge, du doom… Moi qui ne bois pas d’alcool, et qui ne fume rien, ces musiques me transportent dans un autre monde immédiatement, je ferme les yeux et je ne suis plus sur Terre. Ces groupes sont pour moi des berceuses d’âmes. C’est un besoin, une libération, mon oxygène”, raconte une quinquagénaire adepte du metal.
En s’intéressant au metal, Midi Libre a reçu plusieurs dizaines de témoignages et a constaté que sa communauté ne cesse de s’accroître et de faire voyager ses fans. On le comprend, le metal n’est pas mort et a encore de belles années devant lui.