Confrontée à la pénurie de main-d’œuvre, l’agriculture bretonne n’a pas d’autre choix que de se robotiser. « Il faut compter 300 heures de travail pour biner un hectare d’artichauts, et on ne trouve plus personne pour le faire », illustre Jean-Yves Masson, qui a déjà réduit sa surface plantée de moitié, à Saint-Jean-du-Doigt (29).
Jeudi, le cultivateur est venu, comme de nombreux maraîchers de la bande légumière, découvrir, à Saint-Pol-de-Léon, les solutions techniques qui promettent de rendre le travail aux champs moins pénible.
Démonstrations sur le terrain, ateliers participatifs : le Customer agricultural show a, pour sa deuxième édition organisée en Bretagne, accueilli une vingtaine de start-up, françaises et étrangères, sur le site de la Sica. Leur particularité : commercialiser, ou développer des réponses adaptées aux multiples défis que le secteur va devoir relever : changement climatique, transition énergétique, durabilité et, bien sûr, renouvellement des générations.
Le tracteur passe à l’électrique
Star de l’événement mis sur pied par Le Village by CA Finistère : le tracteur électrique du futur, imaginé à Brest par Seederal Technologies, que beaucoup de visiteurs ont souhaité essayer. « C’est un démonstrateur, autrement dit un tracteur classique dont on a remplacé le moteur thermique par un électrique et ôté la transmission au profit d’une batterie. Un prototype 100 % maison, doté d’un tout nouveau châssis auquel pourront être attelés les outils déjà présents sur l’exploitation sera présenté d’ici à une petite année, et la commercialisation envisagée d’ici trois ou quatre ans », indique Adeline Colleter, responsable produit. Parfaitement silencieux, ce petit jouet n’a pas encore de prix mais une belle autonomie comprise entre huit et douze heures de travail.
Semis et désherbage autonomes et propres
Déjà distribué à plus de cent exemplaires, le robot autonome danois FarmDroïd a suscité la curiosité des maraîchers : guidé par deux antennes, il permet de semer ou de biner entre 4,5 et 6 hectares en 24 heures, sans personnel, sans produit chimique et sans carburant, assure Raphaël Deneuville, concessionnaire à Lens (Aisne).
Autre engin scruté de près : un pulvérisateur de 24 mètres, équipé de 48 buses qui s’ouvrent de manière ciblée pour ne traiter que les zones envahies d’adventices : du traitement de précision géré par intelligence artificielle, avec l’appui d’un drone ou – c’est nouveau – de caméras. Comptez 110 000 euros le jouet. Pas donné mais, selon Maxime Croguennec, représentant de Sofimat, « cette solution permet de réduire de 50 % l’utilisation de produits chimiques ».