(Agence Ecofin) – Selon l’United States Geological Survey, le Nigeria a produit 13 000 tonnes de terres rares en 2024. Un volume modeste, par rapport aux ambitions de pays africains comme l’Angola et la Tanzanie, qui disposent de projets pouvant livrer à eux seuls deux à trois fois la production nationale nigériane.
Au Nigeria, le ministre des Mines, Dele Alake (photo), a annoncé dimanche 22 juin un investissement direct étranger de 400 millions de dollars du groupe Hasetins Commodities Ltd. Ce dernier veut développer « la plus grande usine de traitement de terres rares et de minéraux critiques d’Afrique » dans l’Etat de Nasarawa. Derrière cette ambition, des zones d’ombres persistent.
Dans un communiqué du jeudi 19 juin, Hasetins indique qu’elle va construire une usine d’une capacité de 12 000 tonnes par an, pour compléter une installation d’une capacité annuelle de 6000 tonnes actuellement en service. Cela porterait la capacité de traitement du groupe au Nigeria à 18 000 tonnes par an. Aucun détail n’est cependant disponible sur les minéraux que l’usine produira, ses sources d’approvisionnement ou son calendrier de construction. On ignore également si les 400 millions $ annoncés sont déjà mobilisés, et le ministre ne précise pas non plus si la somme proviendra d’actionnaires encore inconnus ou d’un prêt.
We have pledged our support for a Foreign Direct Investment (FDI) initiative to establish Africa’s largest rare earth and critical minerals processing plant, driven by a $400 million investment from Hasetins Commodities Ltd in Nasarawa State.
This project represents over 10,000… pic.twitter.com/AIN7tuUxd7
— Dele Alake (@AlakeDele) June 22, 2025
A titre de comparaison, plusieurs projets africains de terres rares à différents stades de développement sont répertoriés en Tanzanie, en Namibie, en Afrique du Sud et en Angola, avec des compagnies cotées en bourse qui fournissent des études sur le potentiel de leurs actifs et des mises à jour régulières sur le calendrier de développement.
En 2017 par exemple, Rainbow Rare Earths a ouvert au Burundi la première mine industrielle de terres rares d’Afrique. La société estimait alors pouvoir produire un concentré avec une teneur en oxydes de terres rares (TREO) de 54 %, grâce à une usine de traitement pilote. Les terres rares magnétiques, le néodyme et le praséodyme (NdPr) utilisés dans les aimants des turbines éoliennes notamment, auraient alors représenté 88 % de la valeur du produit final de Gakara.
Si Gakara est suspendu depuis 2021 par le gouvernement burundais, d’autres projets émergent rapidement, comme celui de Longonjo en Angola. Son propriétaire Pensana veut mettre la mine en service en 2026, avec l’ambition de produire 5 % du néodyme et du praséodyme du monde, sous la forme de carbonate de terres rares mixtes (MREC). Longonjo devrait livrer initialement 20 000 tonnes de MREC par an, alors que Peak Rare Earths veut produire annuellement 37 200 tonnes de concentré de terres rares à une teneur de 45 % sur son projet Ngualla en Tanzanie.
Porter la part des Mines de 1 à 10 %…
En attendant plus d’informations sur le projet mené par Hasetins, rappelons que le Nigeria héberge des réserves non estimées de terres rares. En 2020, l’United States Geological Survey (USGS) classait ainsi le pays parmi les producteurs potentiels de terres rares, sans pouvoir fournir d’estimation sur les volumes extraits. En janvier 2025, l’USGS a rapporté une production de 13 000 tonnes de terres rares pour le Nigeria en 2024, contre 7200 tonnes en 2023. Aucune information n’est en revanche disponible sur les sites de production ou la méthode d’exploitation, en l’occurrence industrielle ou artisanale.
Toutes ces inconnues n’empêchent néanmoins pas Abuja de soutenir Hasetins Commodities. Avec un potentiel minéral valorisé à 700 milliards $ et une contribution du secteur minier estimée à moins de 1 % du PIB, il faut dire que le Nigeria s’efforce ces dernières années de créer les conditions propices au développement du secteur. Des investisseurs de tous horizons ont ainsi annoncé la construction d’aciéries pour valoriser les réserves de minerai de fer, ou des usines de lithium.
« Ce projet représente plus de 10 000 nouveaux emplois, un véritable transfert de compétences et une étape importante vers le traitement de nos minéraux au niveau national. Le gouvernement fédéral est pleinement engagé dans ce projet. Nous apporterons tout le soutien institutionnel nécessaire, car des initiatives comme celle-ci nous rapprochent de nos objectifs nationaux à long terme », a rappelé le ministre Alake, à l’issue d’une audience accordée au directeur général de Hasetins, Jidayi Ijudigal.
Le Nigeria vise une contribution de 10 % des Mines au PIB d’ici 2026.
Emiliano Tossou
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