La production mondiale de cuivre a du mal à suivre la cadence alors que les ressources s’amenuisent dans les mines.
Certains professionnels craignent même une pénurie dans les dix ans à venir.
Mais ce métal est de plus en plus utilisé, notamment dans l’industrie automobile ou dans l’électronique.
Olivier Nadeau est plombier et son entrepôt renferme un genre de trésor : du cuivre. “La sécurisation des locaux commence à devenir un budget assez important. C’est quand même entre 200 et 300 euros par mois, donc on est sur du 3600 euros par an”, explique ce chef d’entreprise dans le reportage en tête de cet article. “On a aussi un autre dépôt qui est plus sécurisé que celui-là, avec une alarme, un flux brouillard au cas d’intrusion”, précise-t-il. Mais cette dépense est devenue pour lui indispensable, car ce métal, son principal outil de travail, est très recherché par les voleurs. Si ce matériau suscite des convoitises, c’est notamment parce que sa valeur a doublé en 10 ans, variant entre 8000 et 9000 euros la tonne. Avec un cours qui change presque chaque jour, les professionnels doivent s’adapter. “Nos fournisseurs nous préviennent puisque eux suivent les cours, ils nous font un retour, ‘là on a une promo, le prix de cuivre va augmenter, si tu veux faire une réserve, on peut préparer un stock’, donc ils font de la précommande en fin de compte”, poursuit Olivier Nadeau.
Mais pourquoi ce métal vaut-il si cher ? Tout simplement parce qu’il est de plus en plus utilisé. Dans l’industrie automobile par exemple, alors qu’une voiture thermique nécessite 20 kilos de cuivre, dans une voiture électrique c’est 80 kilos.
La crainte d’une pénurie
Autre secteur très consommateur : l’électronique, particulièrement l’intelligence artificielle. Dans les data centers qui font tourner ces technologies, le cuivre est partout, des systèmes de refroidissement aux câbles, et il va y en avoir de plus en plus. “On n’est pas encore en haut de la courbe en termes d’intelligence artificielle, parce que de nombreuses industries ne l’utilisent pas encore, c’est encore limité à certaines applications. Mais demain, on va avoir un besoin énorme de data centers, donc les data centers sont amenés à se développer, et le besoin du cuivre également”, explique Chantal Neri, présidente de Chantal Neri Business Scaling.
La production mondiale a du mal à suivre la cadence alors que les ressources s’amenuisent dans les mines de cuivre, comme au Chili mais aussi au Pérou ou au Congo. Certains professionnels craignent même une pénurie dans les dix ans à venir.
Dans ce contexte, en France, on recherche des solutions, notamment pour recycler le cuivre que l’on a déjà. “Il y a différentes sources de ces câbles, il y a des câbles qui sont issus de la démolition, donc quand on déconstruit un immeuble, on récupère des câbles, ce sont des kilomètres de câbles qu’on a dans les immeubles. C’est des câbles qui sont issus des télécoms, c’est aussi des câbles qui sont issus de l’industrie automobile”, explique Lionel Rouve, directeur général des flux spécialisés chez Suez qui récupère chaque année 30 000 tonnes de câbles. Tout le travail va ensuite être d’en extraire le cuivre. Les câbles passent sur des tapis roulants pour être découpés, broyés, jusqu’à atteindre cette taille, appelée de la grenaille. Ces résidus sont ensuite envoyés à l’étranger, car pour refondre ces petits bouts de cuivre, la France n’a pas encore les infrastructures nécessaires.
La fonderie de Lens va justement investir 90 millions d’euros pour développer cette compétence. “C’est donc tout l’enjeu de cet investissement, c’est de pouvoir utiliser le cuivre qui se trouve aujourd’hui collecté, trié et recyclé en France et de pouvoir l’utiliser pour refondre ce cuivre-là et en faire des tiges de métal de 8 mm qui ensuite vont à l’intérieur des câbles”, détaille Xavier Mathieu, vice-président métallurgie chez Nexans.