Victime des milliers de touristes qui fréquentent chaque année ses pentes, le Toit du monde est devenu la plus haute décharge du monde. Au point que, jusqu’à récemment, les sherpas qui veillent sur les expéditions himalayennes en étaient réduits à rapporter régulièrement sur leur dos jusqu’à 20 kilos de déchets vers le camp de base. Mais depuis avril dernier, rapporte Bloomberg, des drones géants se chargent d’une bonne partie du sale boulot.
Ces engins, “capables d’effectuer en six minutes une descente qui demande quatre heures d’efforts à des humains”, transportent désormais des sacs-poubelle à plus de 6 000 mètres d’altitude. Entre avril et mai dernier, les drones de la société népalaise Airlift Technology ont ainsi traité plus de 280 kilos de déchets variés, des restes de nourriture jusqu’aux bouteilles d’oxygène abandonnées sur place.
En matière d’évacuation des ordures, le changement climatique ne fait qu’accroître l’urgence, signale le média américain. Non seulement la fonte des glaces libère des déchets vieux de plusieurs décennies et susceptibles de contaminer les cours d’eau, mais elle rend beaucoup plus dangereuse leur collecte, notamment en élargissant les crevasses et en favorisant les éboulements.
De fabrication chinoise, les drones d’Airlift Technology peuvent voler par – 20 °C et résister à des vents de plus de 40 km/h, précise Bloomberg. Avec une limite : ils ne sont pas capables de voler jusqu’aux campements les plus haut perchés, aux altitudes où l’air manque. Ils se montrent également très vulnérables aux caprices de la météo.
70 % des déchets acheminés par les drones
“Nous sommes très contents”, explique Lhakpa Nuru Sherpa, un sherpa de 33 ans qui travaille pour l’agence de voyages Asian Trekking et qui a déjà grimpé à quinze reprises jusqu’au sommet de l’Everest. Il estime qu’environ 70 % des déchets habituellement évacués à la main par son équipe ont été transportés par les drones cette année.
“Nous voulons davantage de drones, capables de transporter des charges plus lourdes.”
Airlift prévoit de tester prochainement de nouveaux engins sur l’Everest ainsi que sur d’autres sommets népalais, avec l’accord des autorités locales. Au moins cinq fabricants de drones américains et européens ont déjà contacté la société pour proposer leurs modèles. “Nous sommes la seule entreprise au monde à réaliser ce type d’opération à ces altitudes”, se félicite Milan Pandey, cofondateur de la société.
Chaque année, de fin avril à fin mai, des dizaines de milliers de randonneurs fréquentent le camp de base de l’Everest, situé à plus de 5 300 mètres d’altitude. En 2024, ils ont été près de 600 à atteindre le sommet, à 8 848 mètres, par le versant népalais.