Adrien Mazeau, directeur général de Netcarbon, et Simon Safar, développeur commercial de la start-up bordelaise, sont probablement les plus jeunes exposants au sein de l’espace de la Région Nouvelle-Aquitaine au salon Viva Technology 2025, alias VivaTech, porte de Versailles, et pourtant presque les plus aguerris au fonctionnement de ce temple de l’innovation européen. Viva Technology court du 11 au 14 juin, avec 14 000 start-up, 3 000 investisseurs du monde entier et quelque 165 000 visiteurs.
La Région Nouvelle-Aquitaine, depuis huit éditions, accompagne des entreprises – cette année, 24 porteurs de projet dans la santé, l’intelligence artificielle (IA), la robotique, le numérique, la décarbonation ou encore les services à l’industrie. L’idée, pour le Conseil régional, étant de donner, au-delà des aides et des programmes de recherche et développement (R&D), l’opportunité à de jeunes pousses de se déployer et de se faire connaître.
Capter des investisseurs
Netcarbon vit cette année son troisième salon VivaTech grâce à un outil opérationnel qui fait déjà l’objet de contrats commerciaux avec des collectivités publiques et des bailleurs. « On utilise des données satellitaires que nous combinons avec une multitude d’autres données pour permettre un diagnostic précis d’un projet d’aménagement ou de renaturation. Diagnostic qui va porter sur l’usage des sols, les températures à venir, la biodiversité, etc. Il s’agit de permettre à un porteur de projet de prioriser ses actions pour limiter au mieux son impact environnemental, maintenant mais aussi à des horizons plus lointains – 2050, par exemple », souligne Adrien Mazeau.
Pour Netcarbon, VivaTech a toujours été « un moteur de développement commercial ». « C’est ici que nous avons eu nos premiers clients et nous espérons en trouver de nouveaux », poursuit le jeune directeur général. Et d’ajouter que l’enjeu, maintenant que le procédé et l’équipe sont matures, est de capter de nouveaux investisseurs, pour voir plus grand et plus loin.
Netcarbon, une jeune pousse d’à peine trois ans, aguerrie au salon.
Valérie Deymes/SO
Il y a deux ans, notre présence au salon avait permis de nombreux contacts, et de nouer des liens avec des entreprises qui sont devenues nos fournisseurs. »
Véhicule bas-carbone
Voir plus loin, ou plutôt enclencher l’industrialisation d’Ulive, son véhicule bas-carbone, c’est l’ambition que s’est donnée Avatar Mobilité. La start-up rochelaise était déjà venue en 2023 avec une précédente version de son engin ultraléger (entre 350 et 400 kg) « deux fois spacieux qu’une voiture sans permis, deux fois moins cher, deux fois plus autonome et deux fois moins plus polluante », comme le vante son fondateur Frédéric Mourier. Ulive a pour ambition de remplacer la voiture du quotidien, pouvant rouler jusqu’à 90 km/h, autonome pour 13 kilomètres avec son toit solaire, et munie de batteries électriques éjectables et rechargeables comme celle d’un vélo électrique. Même la carrosserie se veut environnementalement compatible : un matériau recyclable, de même type que celui qui orne l’intérieur des casques de protection vélo.
Et l’ambition d’Avatar est de passer à l’industrialisation avec des petites unités de production de 3 000 véhicules par an disséminées dans les territoires, dont la première pourrait pousser à La Rochelle en 2026. « Il nous faut l’impulsion financière. Il y a deux ans, notre présence au salon avait permis de nouer de nombreux contacts, et de créer des liens avec des entreprises qui sont devenues nos fournisseurs. Nous cherchons des investisseurs et des entreprises susceptibles de nous acheter des expérimentations pour leur propre flotte. »
Lynxdrone expose pour la première fois au salon, préparé en amont par la Région.
Valérie Deymes/SO
En toute (cyber)sécurité
Jan Rouhana, directeur général fondateur de Lynxdrone à Bordeaux, est là pour deux jours, sur le stand régional. Il était venu il y a trois ans en visiteur, histoire de se situer au milieu de ce vivier d’innovations. Aujourd’hui, son drone intelligent destiné à l’inspection et la maintenance de canalisations ou bâtiments critiques et inaccessibles ou peu accessibles à l’homme est mûr. Il vient le vendre, le faire connaître et, lui aussi, trouver des investisseurs pour le développer et pousser les frontières de ses actuels domaines d’utilisation. Dès ce premier jour de salon, un investisseur saoudien a pris contact et d’autres aussi. Notre homme ne cache pas sa satisfaction d’être sur le stand de la Région : « On a bénéficié de formations en amont et des retours d’expérience de ceux qui ont déjà exposé. »
« C’est ici que nous avons eu nos premiers clients et nous espérons en trouver de nouveaux »
Mathieu Hazouard, conseiller régional délégué aux enjeux numériques et président du cybercampus néo-aquitain, rappelle que la stratégie régionale de jouer la carte de la participation collective à ce type de salon vise à soulager les entreprises, mais aussi à les accompagner. « Au-delà de la préparation purement commerciale, et notamment du pitch, nous insistons sur la propriété intellectuelle et la cybersécurité. » Et Jan Rouhana le confirme, ce volet est primordial et rassure. Reste trois jours, maintenant, pour convaincre… en toute sécurité.