Un poing levé sur fond rouge s’affiche à la une de la MIT Technology Review, donnant l’idée de révolte et de force. Mais ce n’est pas une main humaine – ni une lutte ouvrière – qui est représentée ici. C’est celle d’un robot métallique, entourée d’une succession de 0 et de 1, les signes du langage binaire en informatique.
Et s’il est bien question de force dans cette illustration de Tavis Coburn, c’est au sens de puissance, de pouvoir, qu’il faut l’entendre. Quant au titre “The power shift”, il fait appel à la polysémie du mot “power” en anglais qui peut faire référence au pouvoir, mais aussi au courant électrique capable de mouvoir les robots et l’intelligence artificielle. Changement de pouvoir, changement de façon de produire de l’électricité, dit ainsi le magazine américain, sous-entendant “voici les nouveaux maîtres”.
D’autant que la présentation de cette édition de juillet-août prévient :
“Le monde est de plus en plus alimenté et par l’électricité (tangible) et par l’intelligence (intangible). Sans parler des milliardaires. Ce numéro examine les points d’intersection entre les uns et les autres.”
“Qu’il s’agisse de la capacité à agir ou de l’acte de fournir de l’électricité, le pouvoir vient de l’énergie. Donc, en matière d’énergie, nous avons besoin de ‘et’, pas de ‘ou’. Nous avons besoin de nucléaire, de solaire, d’éolien, d’hydroélectricité, d’hydrogène, de géothermie et de batteries sur le réseau électrique. Et nous avons besoin d’efficacité, écrit Mat Honan, le rédacteur en chef, dans son éditorial. Nous avons aussi besoin de pétrole et de gaz à moyen terme, le temps de faire monter en puissance des sources plus propres. C’est ainsi que nous maintiendrons et accroîtrons notre prospérité, et c’est la seule manière d’éviter certaines des pires conséquences du changement climatique.”
Le magazine propose une série de reportages : dans l’État du Nebraska, où les services publics locaux portent le fardeau de la transition énergétique pour participer la course à l’alimentation des centres de données ; à Porto Rico, où, les difficultés pour produire de l’électricité (au prix de beaucoup de charbon et d’un air chargé de suie) s’accumulent ; ou encore en Namibie, qui veut devenir la première économie fondée sur l’hydrogène. Mais la MIT Technology Review publie également un long article consacré à l’essor des agents IA de plus en plus autonomes. “Sommes-nous prêts à leur donner les clés ?” se demande la journaliste Grace Huckins. “Continuer sur la voie actuelle, c’est jouer à la roulette russe avec l’humanité”, lui répond Yoshua Bengio, chercheur à l’université de Montréal.