Les droits de douane et l’incertitude qui en découle risquent de peser sur le secteur de la tech, prévient Gary Shapiro, directeur général et vice-président de la Consumer Technology Association (CTA).
De passage à Paris, le patron de la principale association du secteur technologique aux Etats-Unis, qui organise le salon CES de Las Vegas, a plaidé pour davantage de collaborations des deux côtés de l’Atlantique, dans un entretien à l’AFP.
Question: Etes-vous inquiet des effets sur le secteur de la technologie de la guerre commerciale lancée par le président Donald Trump?
Réponse: Nous l’avons dit: les droits de douane sont inflationnistes, ils ne sont pas sains pour les affaires et ils coûteront des emplois.
Les dirigeants du secteur doivent naviguer dans une situation très complexe alors que la certitude est essentielle pour le monde des affaires. Ils doivent servir leurs clients, leurs actionnaires, développer leur entreprise. Pour eux, la situation est très difficile. Nombre d’entre eux cessent de publier des prévisions.
Nous ne sommes pas opposés à des restrictions sur les produits liés à la sécurité nationale. Mais en terme de coopération, les États-Unis devraient travailler avec leurs alliés proches, l’Europe, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada (…).
Ce qui a changé dans la tech au cours des deux dernières décennies, c’est un fort besoin de partenariat. Aucune entreprise technologique ne peut avancer seule. Honnêtement, les entreprises qui sont allées en Chine ont rencontré de nombreux défis qui ne devraient pas être là. Il y a le sentiment qu’il est très difficile de faire des affaires en Chine de manière équitable.
Mais pour l’Europe, je m’attends à ce que les entreprises américaines et européennes continuent de faire des affaires, et même qu’elles se rapprochent.
Q: Les nouvelles technologies présentent des progrès mais aussi des risques: fake news, questions de confidentialité des données, etc. Etes-vous opposé à leur réglementation?
R: Chaque nouvelle technologie est un outil, avec des aspects positifs et négatifs. C’est le rôle du gouvernement de mettre en place des garde-fous pour protéger les citoyens.
Donc, nous ne sommes pas anti-réglementations. Mais celles-ci devraient être prévisibles, raisonnables et réalistes.
Ce que nous demandons, c’est que, lorsque vous réglementez, il y ait tout d’abord des consultations pour comprendre tous les impacts. Prenons le respect de la vie privée. La Chine bénéficie d’énormes quantités d’informations, avec une absence totale de respect de la vie privée. Cela donne à l’intelligence artificielle une avance considérable en termes de réalisation de choses qui pourraient réellement aider les gens, mais aussi leur nuire.
L’Europe accorde une importance considérable au respect de la vie privée, avec beaucoup de réglementations. Mais à mon avis, cela étouffe un peu l’innovation.
Q: Chaque année, de nouvelles tendances technologiques émergent. Comment différencier entre celles qui font juste du buzz et celles qui vont changer la donne, sur quoi pariez-vous pour l’avenir?
R: Nous croyons en l’avenir du quantique. En tant qu’organisation, nous avons d’ailleurs investi dans les technologies quantiques. Il existe un événement appelé Quantum World Congress, dont nous sommes désormais copropriétaires.
Nous sommes convaincus que l’IA générative peut résoudre des problèmes fondamentaux. Nous collaborons avec les Nations Unies pour promouvoir les droits humains, notamment l’accès à l’alimentation, aux soins de santé, à l’air pur et à l’eau potable.
Les technologies permettent tout cela. Je pense donc que j’investirais dans les technologies qui résolvent les problèmes en général. Et c’est précisément ce que fait le CES. Il rassemble des innovateurs du monde entier qui développent des technologies innovantes. Évidemment, certaines d’entre elles s’imposeront, d’autres non. Notre mission est de fournir une plateforme permettant de les présenter…
lem-mng/jbo/ktr
CTA HOLDING