Voici un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Cela fait formule de vieux ringard mais il fallait être là, dans les années 1990, quand la libération des ondes a mis sur le marché un concept novateur en radio: la libre antenne. Ils étaient plusieurs à prendre le micro pour accueillir, pendant plusieurs heures, des auditeurs pour parler de tout et de rien. On passait des morceaux musicaux au gré de l’envie de l’animateur, au fil de l’eau, et c’est ainsi que Maurice, Difool et Max sont arrivés dans nos vies.
Max, c’était la voix de Fun Radio, celui que l’on écoutait religieusement le soir dans notre chambre. Et puis au début des années 2000, Max a pris un peu de distance avec la bande FM pour devenir speaker de l’équipe de France de football, tenter des choses à la télévision, se diversifier. Alors quand la nouvelle est tombée, courant février, du retour de la libre antenne de Max sur la grille de la nouvelle radio digitale RMC Gold, nos souvenirs ont rejailli. Max, c’est la nostalgie positive en bandoulière.
La libre antenne n’a pas changé
Un retour qui prend plusieurs formes, avec tout d’abord une émission de libre-antenne du lundi au jeudi entre 22h et 00h ainsi que, chaque vendredi, toujours entre 22h et 00h, une émission musicale intitulée La playlist de ta vie, dans laquelle des invités issus du monde de la musique, du cinéma, du sport ou de la télévision, se livrent à cœur ouvert sur leurs goûts musicaux en dévoilant leur playlist idéale. “Le format devait me convenir pour que je revienne, détaille Max. Les gens ont été bercés par ce que j’ai pu faire sur Fun Radio et j’ai toujours eu envie de refaire de la libre antenne. Là, avec une radio estampillée années 1980-90, une liberté, tout était aligné pour que cela se fasse.”
Mais c’est quoi une libre antenne en 2025? “Cela n’a pas trop changé, il y a une liberté totale pendant deux heures, sans chroniqueur, avec de la musique qui répond à mon humeur, mes envies. L’époque est plus anxiogène alors passer des sons des années 1980-90 permet d’adoucir nos esprits. Ce n’est pas un hasard si Nostalgie, Chérie FM ou RMC Gold fonctionnent, les gens ont envie de retrouver un peu de l’état d’esprit d’avant. Au fond, la libre antenne n’a pas changé, c’est seulement le paquet-cadeau qui est différent.”
Max est un artisan des ondes. “J’ai toujours fonctionné de manière minimaliste. Je n’ai que deux personnes avec moi sur l’émission, il n’y a pas de rendez-vous, pas de chroniques, chaque soir l’émission est différente, en faisant un saut dans le vide… mais avec un élastique. C’est un bordel organisé qui part d’une feuille blanche chaque soir. Tout va dépendre de mon humeur, des auditeurs, de la musique que je vais passer et sur laquelle on va rebondir.”
500.000 auditeurs au quart d’heure à son zénith
Entre Max et le micro, c’est une histoire d’amour. En 1989, alors stagiaire à Fun Radio, il commence par effectuer un remplacement à l’antenne un vendredi soir. “Je pensais que naïvement, il fallait parler 20 secondes tous les six morceaux de musique, je pensais maîtriser mais je n’étais pas fluide, je n’avais pas les codes. Une libre antenne, il faut installer des codes, une ambiance, une sonorité, un ton, c’est beaucoup de boulot”, poursuit celui qui, rapidement, va mettre en place son émission culte: Le Star System. Au sommet de sa gloire, l’émission de Max rassemble 500.000 auditeurs au quart d’heure.
“Des chiffres fous, c’était avant les réseaux sociaux, on ne mesurait pas notre popularité. Et comme j’aimais mixer dans des boîtes de nuit, on s’en rendait compte en soirée, les salles étaient pleines parce que j’étais là”, rembobine-t-il. Après une décennie de radio libre dorée, Max a le sentiment d’avoir fait le tour. “On a arrêté sereinement, j’étais fatigué, lessivé, j’avais besoin de faire autre chose”, confie-t-il.
Et puis avec le temps, l’envie de revenir parler librement dans un micro est revenue. “J’aime l’idée de faire découvrir des morceaux de musique aux gens, c’est aussi ça la libre antenne, le partage. Pendant longtemps on a été précurseur sur la musique électro, et il y a des morceaux dont je ne me suis jamais lassé et que j’ai adoré faire découvrir au public”, conclut-il. Son coup de cœur? “Acid Eiffel, un morceau de treize minutes qui demande du temps avant d’être apprécié mais qui a tous les codes du genre.”