- La dépendance affective se manifeste par un grand besoin d’affection ou de validation de la part des autres.
- Souvent, elle trouve son origine dans l’histoire personnelle et s’installe de manière inconsciente.
- Une prise en charge thérapeutique peut être nécessaire pour s’en libérer.
L’être humain est un animal social. Il a besoin de lien pour évoluer et grandir. Toutefois, ces liens tissés, dans le cadre de la famille, des relations de travail, dans la fratrie, dans les relations amoureuses, peuvent parfois évoluer vers une dépendance ou une relation d’emprise. C’est ce qu’on appelle la dépendance affective et cela se traduit par un très grand besoin d’affection de la part des autres. Dans leur ouvrage “La dépendance affective, s’en libérer”, la psychothérapeute Béatrice Copper-Royer et la journaliste Marie Guyot expliquent que “ce déséquilibre s’inscrit dans l’histoire personnelle de différentes manières, souvent à l’insu de tous, de façon inconsciente
“. Elle s’installe insidieusement dans le quotidien et creuse son sillon dans les doutes et les insécurités personnelles.
Un lien d’emprise qui ne concerne pas que les relations amoureuses
La dépendance affective peut prendre différents visages. Derrière cette dépendance, il y a la peur d’être abandonné, mais il est aussi possible de devenir dépendant affectif d’un proche, par amour ou rivalité. “Un parent qui ne peut laisser s’éloigner son enfant en âge de quitter le nid en pratiquant le chantage affectif. Une épouse asphyxiée par la jalousie de son mari qui ne la veut que pour lui. Un jeune homme qui ne peut travailler sans le regard valorisant de son supérieur
“, écrit Béatrice Copper-Royer. Elle touche principalement les personnes hypersensibles ou introverties, mais également les personnes qui manquent de confiance ou qui ont souffert de négligence émotionnelle pendant l’enfance et qui gardent encore les stigmates de ces traumatismes.
Ce trouble psychologique peut être la cause d’une réelle souffrance, pourtant, on ne le remarque pas toujours. La personne prisonnière “en tire même des bénéfices secondaires
“, souligne la psychothérapeute. Néanmoins, cela finit par peser. Elle se sent mal, a le sentiment de ne plus pouvoir avancer, la désagréable impression d’être coincée dans une impasse. Elle ressent alors des symptômes comme la peur de l’abandon, l’incapacité à prendre des décisions, la nécessité de chercher l’approbation ou la validation, une baisse de l’estime de soi, l’insatisfaction chronique et le développement de comportements compulsifs ou addictifs. Le problème avec la dépendance affective ? C’est un évènement marquant, voire traumatisant, qui va déclencher la prise de conscience : une dépression, une rupture, un deuil, un licenciement… “Il devient impérieux de l’interroger afin de le faire évoluer, pour lui faire perdre sa toxicité”
, conseille Béatrice Copper-Royer. Pour gagner en légèreté, en sérénité, en liberté.
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Comment surmonter une dépendance affective ?
Le premier geste pour se libérer de cette emprise émotionnelle est la prise de conscience. Ce déclencheur pourra permettre à l’individu de sortir progressivement de cette dépendance et d’agir ainsi en conséquence. Ensuite, différentes pistes sont à explorer pour se retrouver : prendre des décisions pour soi sans attendre de validation extérieure, se concocter des journées où l’on se consacre à ce que l’on aime vraiment : la peinture, le sport, la lecture, l’écriture, aller au cinéma, prendre soin de soi, bref, des activités qui nous font du bien. Ensuite, un accompagnement thérapeutique et psychologique peut être nécessaire pour comprendre, dans son histoire personnelle, les sources de cette dépendance : l’absence des parents ou, au contraire, leur position de toute-puissance, la peur du rejet, de l’abandon, de la solitude ? La thérapie cognitive et comportementale peut être proposée pour travailler sur ces blessures, changer le logiciel et le schéma de dépendance afin de regagner confiance et estime et mieux accepter ses émotions.