Les poissons, eux, ne pleurent pas… est une très belle bande dessinée signée Laurent Galandon et Jean-Denis Pendanx.
Ce récit est une fiction, mais s’inspire de faits existants. Les deux auteurs se sont rendus en Gambie, à Gunjur, justement, et ont mené des investigations, des recherches pour raconter et illustrer cette œuvre.
Galandon nous présente Bakary, capitaine d’une pirogue de pêche, qui vend son poisson presque exclusivement à la société Silver Lead. Un jour, ou une nuit plutôt, il va être confronté à son destin en mer. Cette nuit-là, où il manque d’être renversé par un chalutier énorme, et qu’il voit filer ses filets ainsi que le fruit de sa pêche, il comprend que tout est perdu à ce moment-là. Il se rend compte qu’il ne pêche que pour nourrir le « monstre » qui fait plus de mal que de bien à Gunjur.
Galandon nous montre cette entreprise qui pollue l’air de la ville mais aussi l’océan. Le lecteur se rend compte que, pour le profit, certains n’hésitent pas à sacrifier d’autres gens, plus pauvres. Nous assistons à cette scène où Silver Lead a racheté au gouvernement des terres pour y construire ses entrepôts. Mais ces terres sont des terres agricoles que certaines femmes de Gunjur utilisaient pour planter et récolter des légumes, des fruits. Elles les revendaient pour se faire un peu plus d’argent. Certains militent pour préserver leurs plages, leur océan, ces terres, mais que peuvent-ils faire vraiment si le gouvernement ne les aide pas ? Galandon nous fait suivre la famille de Bakary, surtout au moment où le capitaine disparaît en mer. Un autre problème se pose pour sa femme, son fils et sa fille. Quelle vie les attend sans les revenus du père ?
Avec ce récit, très bien écrit et passionnant, Galandon nous fait réfléchir sur notre société, sur notre futur et sur l’avenir de la planète. L’auteur garde espoir tout de même.
Avec Pendanx aux dessins et aux couleurs, c’est la certitude d’avoir de très belles planches. Et là encore, avec ce récit, c’est chose faite. Quel bonheur de voir et de pouvoir admirer son travail si remarquable, si incroyable ! Quel bonheur de toucher de ses doigts une telle grâce dans le dessin. Les couleurs de Pendanx sont lumineuses, criantes de vies. L’artiste parvient à faire ressortir les émotions de ces habitants de Gunjur, avec une vraie aisance. Il rend hommage à ces gens, à leur pays, avec son trait si efficace et étonnant.
Quelques pages bonus vous attendent à la fin de cette bande dessinée, où vous pourrez retrouver quelques illustrations et peintures de Pendanx, quelques photos de leurs séjours en Gambie et un texte de Juliette Guschlbauer, directrice de l’Alliance française de Banjul, en Gambie.
Les poissons, eux, ne pleurent pas... est une bande dessinée, une œuvre que je vous recommande fortement. Un récit magnifique et humain qui ne vous laissera pas indifférent. Une histoire à lire et à méditer.
Par
Berthold, le 25 mai 2025