(Agence Ecofin) – La dépendance historique de la Zambie à l’hydroélectricité fragilise son industrie minière face aux sécheresses répétées. Les projets solaires dédiés marquent un tournant vers la sécurisation de l’approvisionnement énergétique des grandes exploitations, importants vecteurs économiques.
La Zambie reste l’un des pays d’Afrique australe les plus dépendants de l’hydroélectricité. En 2022, 88% de son énergie produite provenait encore de ses barrages selon l’AIE. Un atout historique, mais aussi une vulnérabilité majeure puisque chaque sécheresse compromet l’approvisionnement, avec des répercussions directes sur l’industrie minière, un des piliers de l’économie nationale.
En 2024, le pays a produit environ 820 670 tonnes de cuivre, notamment grâce à la mine Lumwana opérée par Barrick Gold, et à la relance de Konkola Copper Mines (KCM) par Vedanta Resources. Ce volume suit la trajectoire fixée par le gouvernement pour atteindre 3 millions de tonnes par an au cours la prochaine décennie. Mais cette ambition reste menacée par l’instabilité de l’alimentation énergétique.
Face à cette contrainte, le solaire apparaît comme une réponse concrète pour sécuriser l’activité minière. Le 30 juin, le président Hakainde Hichilema a inauguré l’unité solaire de Chisamba, d’une capacité de 100 MW. Développé par PowerChina, ce parc alimente directement First Quantum Minerals (FQM), un des principaux producteurs de cuivre dans le pays. Ce modèle illustre un tournant, garantissant une source d’électricité dédiée pour stabiliser la production tout en soulageant le réseau national.
Les chiffres de FQM montrent bien l’enjeu. Le groupe a consommé 15 657 térrajoules (TJ) d’énergie en 2024, dont 71% issus de l’hydroélectricité et 75% de sources renouvelables. En sécurisant une part de son approvisionnement via le solaire, la société minière réduit sa vulnérabilité aux coupures et libère des capacités pour d’autres usagers.
En République démocratique du Congo, la même logique s’installe avec une approche innovante. En avril, CrossBoundary Energy a signé un accord avec Kamoa Copper pour développer à Kolwezi une centrale solaire de 222 MWp couplée à un stockage de 526 MWh. L’objectif est de fournir 30 MW d’électricité de base, 100% renouvelable, pour alimenter en continu Kamoa-Kakula, l’un des plus grands sites cuprifères au monde.
Cette approche pourrait inspirer d’autres pays africains où les mines souffrent souvent de coupures et de déficit électrique. Avec des solutions solaires fiables, le secteur minier peut réduire sa dépendance énergétique aux réseaux de distribution publics et mieux s’inscrire dans la durabilité.
Abdoullah Diop
Edité par : Feriol Bewa