Cette opération a été menée à bien à Singapour par TotalEnergies Marine Fuels au profit du Silver Nova, l’une des nouvelles unités de la compagnie de croisière italienne Siversea Cruises.
Si l’avitaillement en gaz naturel liquéfié (GNL) de paquebots est devenu monnaie courante en Europe et aux États-Unis ces dernières années, une telle opération n’avait pas encore eu lieu en Asie. Cela, du fait que l’essor considérable de l’industrie de la croisière dans la région, en particulier en Chine, a été brisé net par la crise sanitaire et reprend doucement depuis 2023, avec des navires à propulsion traditionnelle (fuel lourd et gasoil). C’est à l’occasion d’un grand voyage à travers l’Asie et Pacifique du Silver Nova, l’une des récentes unités de la compagnie de luxe Silversea Cruises, que le premier soutage en GNL d’un navire de croisière s’est déroulé dans cette région. Il a été mené à bien dans le port de Singapour, a annoncé le 25 février le groupe TotalEnergies, en charge de livrer le carburant au Silver Nova, bateau de 244 mètres de long, 54.700 tonneaux de jauge et 363 cabines livré en juillet 2023 par le chantier allemand Meyer Werft.
Son avitaillement a été assuré par le souteur Brassolova. Construit par le chantier singapourien Seatrium (ex-Sembcorp Marine), ce navire a été livré en janvier 2024 à la compagnie Indah Singa Maritime, filiale à 100% de l’armement japonais Mitsui O.S.K. Lines. Géré par V. Ships, le Brassolova est un navire de 116.5 mètres de long pour 22 mètres de large offrant une capacité de 12.000 m3 de GNL, stockés dans deux cuves Mark III Flex conçues par le groupe français GTT. Il a commencé sa carrière en approvisionnant des navires de commerce, notamment des porte-conteneurs dotés d’une propulsion fonctionnant au GNL.
Le soutage du Silver Nova, qui a été réalisé au terminal croisière de Singapour, a permis à toutes les parties prenantes de valider les différents protocoles relatifs à une telle opération, qui ouvre la voie, espère le port asiatique, à de futurs soutages de paquebots en GNL.
C’est fin 2018 que le premier paquebot fonctionnant au gaz liquéfié, l’AIDAnova, est entré en flotte. Désormais, la majorité des navires de croisière entrant en service sont équipés d’une propulsion duale, avec des moteurs fonctionnant au GNL ou au gasoil. Permettant de traiter le problème des émissions nocives pour la santé (oxydes de soufre, oxydes d’azote, particules fines), le GNL permet aussi de diminuer les rejets de gaz à effet de serre, à commencer par le dioxyde de carbone. Mais ce carburant a aussi ses défauts puisque les premiers systèmes installés génèrent des fuites de méthane, bien plus nocif que le CO2 (ce problème est en cours de résolution par les motoristes), et que se pose aussi la question de la provenance du GNL. En Europe par exemple, la majorité du gaz liquéfié vient de Russie ou des États-Unis, ce qui dans le premier cas revient à contribuer économiquement à l’effort de guerre de Moscou en Ukraine et dans le second à soutenir le développement de la production américaine de gaz de schiste, qui est catastrophique pour l’environnement. C’est pourquoi les armateurs et les fournisseurs de carburant travaillent à l’émergence de filières de bio-GNL et d’e-GNL qui constitueront une réelle avancée. Mais les quantités disponibles sont encore minimes.
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