(Agence Ecofin) – L’Afrique du Sud héberge les troisièmes plus grandes réserves d’or au monde, et arrive à la deuxième place des producteurs africains. L’attractivité du pays a néanmoins faibli ces dernières années, conduisant les mineurs sud-africains à réorienter leurs investissements dans d’autres juridictions.
Le sud-africain Harmony Gold veut financer la construction de la mine de cuivre Eva Copper en Australie sur fonds propres. L’annonce faite mardi 4 mars s’inscrit dans une tendance qui voit les plus grands producteurs d’or de la nation arc-en-ciel investir de plus en plus hors d’Afrique du Sud, dans l’or et dans les métaux critiques.
Avant Harmony Gold, le mineur Sibanye-Stillwater explore déjà depuis quelques années de nouveaux investissements dans le cuivre et le lithium. Historiquement producteur d’or et de métaux du groupe du platine en Afrique du Sud, Sibanye-Stillwater a acquis en 2022 le projet de lithium finlandais Keliber Oy. Le groupe a ensuite annoncé un investissement de 490 millions $ dans le projet de lithium américain Rhyolite Ridge et le rachat de deux mines de cuivre et de nickel au Brésil pour 1 milliard $.
Si Sibanye-Stillwater a ensuite renoncé à concrétiser ces deux derniers investissements, la société a annoncé fin février 2024 poursuivre « sa stratégie en matière de métaux pour batteries et continuera à évaluer les opportunités de croissance dans ce domaine ». Même pour les mineurs d’or qui ne se diversifient pas dans d’autres métaux, on observe une expansion en dehors de leurs terres, avec les groupes historiques Gold Fields et AngloGold Ashanti.
Le premier cité n’exploite plus qu’une seule mine en Afrique du Sud et a racheté en 2024 le canadien Osisko Mining pour 1,57 milliard $. Quant au second, il ne possède plus de mine sud-africaine et a achevé en 2023 son retrait du pays, avec le déplacement du siège social au Royaume-Uni et le déplacement de sa cotation principale de la bourse de Johannesburg à celle de New York. Cette réorientation est confirmée par le Minerals Council (équivalent sud-africain de la Chambre des Mines) dans son rapport « Facts and Figures Pocketbook 2024 ».
L’organisme y explique que « l’exploration aurifère en Afrique du Sud reste minime, les investissements importants étant redirigés vers des juridictions plus favorables telles que l’Australie, le Chili et le Pérou ». Selon le Minerals Council, cela s’explique notamment par des coûts d’électricité qui ne sont pas assez compétitifs par rapport aux juridictions comme l’Australie et le Canada et « compromettent la capacité du pays à attirer des investissements ».
L’Afrique du Sud dispose pourtant d’un potentiel aurifère important et se classe au 3ème rang mondial des réserves d’or. Un potentiel qui attire toujours, comme en témoigne Harmony Gold qui prévoit d’investir plus de 3 milliards de rands dans ses opérations sud-africaines dans les années à venir.
Emiliano Tossou
Édité par Wilfried ASSOGBA