Mathieu van der Poel aurait pu tout perdre sur ce coup-là. Le vainqueur de la Reine des classiques aurait pu ne pas terminer la course après avoir été atteint au visage par un bidon siglé “Visma”, l’équipe de son rival Wout Van Aert. A 33 kilomètres du vélodrome de Roubaix où il allait signer son troisième succès, un spectateur a délibérément visé “MVDP”, absent dimanche au départ de Maastricht après une campagne printanière majuscule et des succès à Sanremo et Roubaix.
“Il s’agissait d’un bidon plein, il pesait un demi-kilo et je roulais à plus de 40 km/h. C’est comme recevoir une pierre dans la figure, cela m’a fait très mal“, a raconté le petit-fils de Raymond Poulidor. Avec son équipe, à l’instar de l’Union cycliste internationale, il a décidé de se tourner vers la justice “pour ne pas que ce type de comportement reste impuni”.
Identifié, le spectateur, un Belge de 28 ans qui a reconnu “avoir trop bu“, a concédé “un geste impulsif et stupide“. Depuis le début de sa carrière, Van der Poel, dont la domination semble déranger certains spectateurs en cyclo-cross et sur les classiques, est régulièrement la cible d’actes répréhensibles.
Jets de bière, d’urine ou insultes. Le champion du monde 2023 refuse de s’y habituer. Lors de son récent succès au bout du GP de l’E3, à Harelbeke, il avait été visé par des crachats. L’auteur des faits, identifié par la police belge, écopera d’une amende administrative. Face à ce genre de méfaits qualifiés de “hooliganisme” par son équipe Alpecin-Deceuninck, les organisateurs semblent démunis.
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La chute de Pogacar… qui n’a jamais revu Van der Poel
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Il est évidemment impossible de contrôler le flux de dizaines de milliers de spectateurs
Dimanche passé sur l’Enfer du Nord, plusieurs arrêtés interdisaient la vente ou le transport de boissons alcoolisées, sauf dans les espaces “hospitalité”. C’était le cas sur la commune de Templeuve-en-Pévèle où s’est déroulé l’incident concernant Van der Poel. En 2015, 500 CRS avaient été déployés dans le secteur bouillant du carrefour de l’Arbre dans le final roubaisien. Un déploiement coûteux qui n’avait pas été reconduit.
Cette année, l’organisation avait opté pour un cordage le long des secteurs pavés pour éviter un contact trop rapproché entre le peloton et le public. “Mais sur des parcours de plus de 200 kilomètres, il est évidemment impossible de contrôler le flux de dizaines de milliers de spectateurs“, note Scott Sunderland, directeur de course des “Flanders classics”.
“À la différence d’autres sports, le cyclisme est un spectacle gratuit qui permet aux fans d’approcher au plus près leurs champions“, répète régulièrement Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France. Cette proximité comporte donc des risques, pas forcément dus à l’époque actuelle.
En 1975, Eddy Merckx avait été victime d’un coup de poing au foie de la part d’un spectateur lassé par la domination du Cannibale qui avait alors été incapable de conserver son maillot jaune, chipé par Bernard Thévenet. Pour l’acte le plus grave, il faut remonter au Tour 1923. Le Belge Léon Scieur avait été victime d’un empoisonnement à l’arsenic, contenu dans le bidon tendu par un spectateur. Il s’en était sorti après deux mois d’hospitalisation.
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