L’usine de transformation de poisson Raymond O’Neill & Son Fisheries, à Escuminac au Nouveau-Brunswick, est fermée pour de bon. Cette fermeture laisse un grand vide dans la communauté, où plus d’une centaine d’employés travaillaient.
L’entreprise Acon Investments, de Washington, qui avait fait l’acquisition de l’usine en 2021, avait annoncé une fermeture temporaire en janvier 2024 avec l’intention de reprendre la production dans les prochaines années.
Une quarantaine d’employés ont travaillé quelques semaines à l’été 2024, mais depuis, il n’y a plus eu de production à l’usine située sur le quai d’Escuminac.
La fermeture de cette usine laisse un grand vide dans la région de Baie-Sainte-Anne.

Michelle Després a travaillé chez Raymond O’Neill & Son jusqu’à la fermeture.
Photo : Radio-Canada
Raymond O’Neill a ouvert son usine il y a 40 ans. Dans les belles années, l’usine embauchait jusqu’à 250 personnes.
Trouver un autre emploi
Michelle Després était l’une des 135 employés qui travaillaient toujours à l’usine quand ils ont annoncé la fermeture temporaire en 2024.

Dans ses belles années, l’usine Raymond O’Neill & Son Fisheries employait jusqu’à 250 personnes à Escuminac. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
La compagnie leur avait offert d’aller travailler à la société mère de l’usine, Atlantic Sustainable Catch, à Grande-Digue, qui avait été achetée par la même entreprise en 2021.
J’ai travaillé là 35 ans. J’ai travaillé jusqu’à la fermeture. Ils m’ont offert d’aller à Grande-Digue, mais c’était trop loin
, explique-t-elle.
La plupart des employés mis à pied ont trouvé du travail à l’autre usine de transformation, Baie-Sainte-Anne Seafood, qui appartient à une entreprise terre-neuvienne.
Quand elle s’est rendu compte que l’usine n’allait plus ouvrir ses portes, Michelle Desprès a choisi d’aller travailler à la tourbière Theriault & Hachey Peat Moss.
Dans le back of my mind, je pensais que ça allait rouvrir, mais il n’y a jamais eu de réouverture
, se désole-t-elle.

Mathieu Thériault
Photo : Radio-Canada
Le propriétaire de la tourbière, Mathieu Thériault, a tout fait pour offrir du travail aux employés congédiés.
Depuis que je suis jeune garçon, l’usine a toujours fait partie de la communauté. Ma mère a travaillé là quand elle était plus jeune, j’ai des tantes qui ont travaillé là. Une fois que O’Neill a fermé, on a réussi à embaucher cinq ou six de leurs anciens employés. C’est des hommes et des femmes qui ont l’habitude de travailler de longues heures, et ç’a été un atout pour nous autres
, affirme-t-il.
Un grand vide dans la communauté
Le président du quai d’Escuminac, Kenneth Gibbs, dit que les pêcheurs ont tous trouvé d’autres acheteurs pour transformer leur poisson, mais que la fermeture de l’usine laisse un grand vide dans la communauté.
Je ne sais pas pour quelle raison ils ont fait ça. Ils ont tout fermé et ils ont abandonné la communauté.

Kenneth Gibbs
Photo : Radio-Canada
Le pêcheur est triste de voir le stationnement de l’usine complètement vide lorsqu’il revient de ses sorties en mer.
Le parking était plein, ça venait de Blackville, ça venait de Lavillette, de Miramichi, de partout. Ça fait un vide à c’t’heure, surtout quand on arrive de pêcher.

Alphonse Turbide est président de la Coop de Baie Sainte-Anne, au Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada
La fermeture de l’usine Raymond O’Neill & Son a aussi eu un impact négatif sur les autres commerces de la communauté, selon le président de la Coopérative de Baie-Sainte-Anne, Alphonse Turbide.
Avec leur marché de poisson, ça nous donnait un va-et-vient de l’extérieur qui venait chercher du poisson. Et ils avaient du bon poisson! Ça aidait les autres commerces, ils arrêtaient aux trois restaurants, ils arrêtaient à la Coop, ils achetaient du gaz ou du manger. Ça faisait du bien à tout le monde, pis maintenant nous avons tout perdu
, lance-t-il.
La communauté garde toujours espoir que l’usine Raymond O’Neill & Son sera à nouveau vendue et qu’elle reprendra sa production dans les prochaines années.
L’entreprise Acon Investments, propriétaire de l’usine, n’a pas répondu à la demande d’entrevue de Radio-Canada.