Sur les photos de David Meskhi, les gymnastes occupent rarement le centre de l’image. Comme emportés par leur élan, ils ont vrillé dans un coin, à droite, à gauche, en bas, trop haut parfois pour ne pas disparaître en partie. Saisis en plein saut, ils lévitent, sans effort, sur le dos ou sur le ventre, dans des positions compliquées que la photo, suspendant net les mouvements et leur enchaînement, rend d’autant plus improbable. Leurs bonds n’ont ni sens, ni trajectoire mais, sur les images aux couleurs pâles saupoudrant l’espace et les corps d’une texture cotonneuse, on comprend ce que ces êtres visent. Ils cherchent à se fondre dans la lumière éthérée, dans l’air qui est comme couvert de buée, de particules grésillantes, orange, roses, blanches. Les contours des silhouettes tremblent, les chevelures volent au vent dans l’action et les sujets sont toujours un peu flous et flottent d’autant plus que les images, pas très grandes, sont accrochées, de manière clairsemée, dans une longue et haute salle du Musée d’art moderne et contemporain. Ici donc, nulle représentation de la puissance des athlètes. Au contraire, fétus de paille, vulnérables, ils s’abandonnent et lâchent prise.
C’est donc le portrait d’une jeunesse en quête d’un ailleurs aérien et lumineux que brosse David Meskhi au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole. Né à Tbilissi, l’artiste, enfant, suivait son père, entraîneur de l’équipe soviétique de gymnastique dans les années 80, lors des compé