Le secteur des paiements connaît une transformation sans précédent, portée par l’évolution des attentes clients, les avancées technologiques et les nouvelles réglementations.
Face à ces changements majeurs, les banques doivent repenser leur approche de la modernisation pour libérer de la valeur dans les paiements d’ici novembre 2025.
Une transformation portée par de multiples facteurs
Les moteurs de cette transformation sont multiples. Les clients exigent désormais des expériences de paiement en temps réel, fluides et personnalisées, y compris pour les transactions transfrontalières. Ces attentes sont alimentées par les avancées technologiques significatives : le cloud computing, les plateformes de données, l’intelligence artificielle et les API permettent des solutions de paiement plus rapides, évolutives et sécurisées. Par ailleurs, l’environnement réglementaire, avec notamment l’introduction de nouveaux systèmes de paiements instantanés et les normes ISO, impose une modernisation continue des modèles opérationnels.
Dans ce contexte, les banques traditionnelles, contraintes par leurs systèmes hérités, peinent à suivre le rythme des changements, laissant le champ libre aux fintechs pour gagner en avantage concurrentiel. La question n’est plus de savoir si la modernisation est nécessaire, mais comment la mettre en œuvre efficacement.
La modernisation progressive, une approche prometteuse
L’approche la plus prometteuse est celle de la modernisation progressive. Contrairement aux stratégies de transformation radicale ou de création de néobanques, qui ont rarement porté leurs fruits, cette approche permet une transition contrôlée des systèmes existants vers une architecture évolutive. Elle implique de faire fonctionner en parallèle les services traditionnels et modernes, tout en découplant les systèmes fortement intégrés, tant au niveau de l’intégration que des données.
L’émergence de l’IA générative renforce l’attractivité de cette approche en réduisant significativement les coûts et la durée des programmes de modernisation. Elle accélère notamment l’analyse des systèmes existants, la conception de l’architecture cible, la création du backlog et les phases de construction et de test.
Face au besoin de modernisation, trois approches principales se dessinent. La première consiste à “corriger les extrémités” du système, une approche minimale qui ne touche que 10% de la technologie existante. La deuxième vise une amélioration incrémentale avec l’installation de solutions modernes pour certains produits ou clients. Enfin, la troisième approche est celle d’une construction native progressive, après avoir investi dans le découplage des systèmes hérités.
Le choix entre ces approches dépend de deux facteurs clés : l’événement déclencheur (opportunité ou menace) et le positionnement de l’acteur. Si les paiements ne sont pas au cœur de l’activité d’un acteur et que son modèle opérationnel actuel fonctionne bien, une simple correction des extrémités peut suffire. En revanche, pour les acteurs qui considèrent les paiements comme stratégiques, une approche de construction native est plus appropriée.
Prenons l’exemple des nouveaux modes de paiement comme les paiements instantanés : pour de nombreux acteurs, les bénéfices incrémentaux ne justifient pas une modernisation complète, les poussant à opter pour des approches plus légères. En revanche, concernant la norme ISO20022 qui doit entrer en vigueur en novembre 2025, une approche native cloud serait plus adaptée pour répondre avec agilité aux évolutions continues de la réglementation.
Face à l’inévitable nécessité d’investir dans les paiements, il est crucial d’adopter une approche portfolio et de se projeter à 2-3 ans, en évaluant les différents événements de modernisation au regard de sa stratégie et de ses forces et faiblesses. La modernisation n’est pas une option, c’est une nécessité stratégique pour rester compétitif dans un marché en constante évolution.