Le capital-risqueur Oui Capital appelle les investisseurs fintech à réorienter leurs priorités vers les infrastructures de paiement transfrontalier en Afrique, plutôt que de se concentrer uniquement sur les applications destinées aux consommateurs. Dans un rapport publié le 27 mai 2025, la firme souligne que le marché des paiements transfrontaliers africains, évalué à 329 milliards de dollars en 2025, pourrait atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici 2035, avec un taux de croissance annuel composé de 12 % .
Malgré l’essor des applications de paiement mobile et des néobanques, les transactions transfrontalières en Afrique restent entravées par plusieurs obstacles :
- Une dépendance excessive au dollar américain pour le règlement des transactions, même entre pays africains.
- Des conversions de devises coûteuses et des réglementations KYC (Know Your Customer) incohérentes.
- Une interopérabilité limitée entre les banques et les plateformes de monnaie mobile.
Ces inefficacités entraînent des coûts de transaction élevés, estimés à environ 5 milliards de dollars par an, freinant ainsi le développement économique du continent .
Oui Capital met en avant le rôle essentiel des acteurs de l’infrastructure fintech, tels que Flutterwave, Onafriq (anciennement MFS Africa) et Thunes. Ces entreprises proposent des interfaces de programmation d’applications (API) qui connectent différents systèmes bancaires et de monnaie mobile, réduisant ainsi les frictions et permettant des transferts plus rapides et moins coûteux .Techpoint Africa
Par ailleurs, le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) vise à permettre le règlement en temps réel des paiements transfrontaliers en monnaies locales, éliminant ainsi la nécessité de passer par des devises tierces comme le dollar américain .
Contrairement aux applications grand public qui fonctionnent souvent avec des marges faibles (entre 0,5 % et 2 %) et dépendent de volumes massifs pour être rentables, les fournisseurs d’infrastructures bénéficient de modèles économiques plus stables. Leurs services, une fois intégrés, deviennent essentiels pour les institutions financières, générant des revenus récurrents grâce aux API, aux marges sur les changes ou aux services de règlement .
Dans un contexte où les financements se raréfient et où les investisseurs exigent des modèles économiques clairs et rentables, Oui Capital estime que les infrastructures de paiement représentent une opportunité d’investissement plus sûre et à long terme. En misant sur les « rails » du système financier africain, les investisseurs peuvent non seulement obtenir des rendements attractifs, mais aussi contribuer à la transformation économique du continent.