Le cabinet d’audit, de conseil et de fiscalité EY (Ernst & Young) vient de publier son baromètre du capital-risque en France pour le 1er semestre 2025. Celui-ci révèle une « panne française ».
Levées de fonds des startups françaises : -35 % en un an
« Après plusieurs années d’expansion remarquable, le capital-risque français connaît une forte décélération en 2025 dans un contexte d’incertitude politique et de ralentissement de la croissance française », affirme Franck Sebag, en charge du secteur Fast Growing Companies Europe chez EY, en préambule du rapport.
Durant les six premiers mois de l’année, 2,8 milliards d’euros ont été levés par les sociétés de la French Tech (voir image de une). Un montant en très nette baisse (-35 %) par rapport au premier semestre de l’année 2024. Il faut remonter à 2020 pour trouver un niveau aussi bas. Le nombre de startups ayant réalisé des levées de fonds, 214 au S1 2025, est également particulièrement réduit. À titre de comparaison, elles étaient 413 mi-2024 et 390 mi-2023.
Au podium des levées de fonds : logiciels, GreenTech et Fintech
Parmi les secteurs qui attirent le plus les investisseurs, les logiciels tirent leur épingle du jeu, avec 891 millions d’euros levés durant les six premiers mois de l’année. Un chiffre qui reste largement inférieur à celui observé à la même période en 2024 (1,5 milliard d’euros). Il en va de même pour la GreenTech, deuxième secteur le plus porteur, qui voit son montant de levées de fonds passer de 1,1 milliard à tout juste 515 millions d’euros.
Mais au milieu de cette apathie, la Fintech parvient à réaliser une percée. Malgré un nombre d’opérations moins élevé (24 contre 31 au S1 2024), le montant des levées de fonds passe de 319 millions à 487 millions d’euros.
Les cinq plus gros investissements réalisés en France durant les six premiers mois de l’année sont :
- 100 millions d’euros levés par Knave (Fintech)
- 100 millions d’euros levés par Alice & Bob (Technologies)
- 75 millions d’euros levés par Pennylane (Fintech)
- 65,6 millions d’euros levés par Wandercraft (Lifesciences)
- 61 millions d’euros levés par Nabla (Logiciels)


La France à la traîne par rapport à ses voisins
La chute des levées de fonds en France est également marquée par rapport à celle de ses voisins. En effet, si le Royaume-Uni et l’Allemagne observent également une baisse des investissements, respectivement de 12 % et 2 %, celle-ci est sans commune mesure avec celle observée en France. Sur l’ensemble du semestre, les startups britanniques sont parvenues à lever 7,42 milliards d’euros, tandis que les sociétés allemandes cumulent 3,57 milliards d’euros de levées de fonds. Par ailleurs, le top 10 des levées de fonds réalisées ces six derniers mois ne voit apparaître aucune entreprise française.
Pour les startups de l’Hexagone, la chute des levées de fonds est principalement due à l’effondrement du segment Growth Equity – c’est-à-dire les investissements destinés à des entreprises déjà matures en forte croissance – qui passe de 1,5 milliard d’euros à seulement 200 millions (-87 %), tandis que le capital-risque baisse plus modérément (-7 %). Sur ce segment, les voisins sont bien plus stables : le Royaume-Uni recule de 10 %, et l’Allemagne affiche même une progression de 17 %.

