Alors que le continent africain est souvent cité comme un modèle d’adoption du mobile money, une toute autre révolution se profile : celle des paiements interentreprises (B2B). Selon un rapport de Mastercard publié en juin 2025, le marché africain des paiements numériques pourrait atteindre 1 500 milliards de dollars d’ici 2030, dont la majorité sera constituée de flux B2B – longtemps négligés, mais désormais au cœur des ambitions fintech du continent.
Si les transactions de pair à pair (P2P) via le mobile money ont révolutionné la finance personnelle, les transactions B2B représentent plus de 90 % des flux de paiement dans plusieurs économies africaines. Pourtant, elles restent souvent manuelles, lentes et opaques. Enjeu : salaires, règlements fournisseurs, fiscalité, commerce transfrontalier – souvent encore gérés en cash ou via chèques.
Au Kenya, pionnier du numérique, plus de 83 % des entreprises ont automatisé partiellement ou totalement leurs paiements B2B. Mais même là, les obstacles persistent : retards, fraudes, difficulté de réconciliation comptable.
- Infrastructure digitale solide : la croissance de l’internet mobile, des services cloud, et l’émergence d’API favorisent l’intégration de services financiers pour les entreprises.
- Besoin des PME : les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) représentent jusqu’à 90 % des emplois en Afrique. Elles réclament des plateformes simples et unifiées pour gérer paiements, factures, trésorerie.
- Acteurs prêts à pivoter : M‑PESA, Paystack, Flutterwave, Cellulant… autant de champions fintech B2C qui se tournent désormais vers le B2B, en y intégrant facturation, encaissement, comptabilité, voire assurance ou crédit intégré.
Avec plus de 40 monnaies et des barrières réglementaires importantes, le commerce intra-africain pâtit d’une dépendance au dollar US et de coûts de transaction exorbitants. Le Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS) – impulsé par l’AfCFTA – promet des règlements en temps réel en monnaie locale, réduisant les frais et les frictions. De plus, des initiatives régionales comme GIM-UEMOA en Afrique de l’Ouest ou l’harmonisation mobile en Afrique de l’Est renforcent cette dynamique d’interopérabilité.
Les startups qui combinent paiement + services intégrés (assurance, comptabilité, scoring de crédit, automatisation fiscale) répondent aux vrais besoins des entreprises africaines. Mastercard, à travers son programme Community Pass, cible cette transformation avec une ambition claire : connecter 100 millions d’acteurs économiques africains au numérique d’ici 2030 .
La prochaine révolution fintech africaine sera B2B ou ne sera pas. Avec un potentiel de 1 500 milliards $ en ligne de mire, les enjeux sont clairs : digitalisation des paiements, intégration des services, fluidité transfrontalière. Les gagnants seront ceux qui sauront transformer la complexité en opportunité pour les PME africaines.