Des chaleureuses poignées de main ou des embrassades enthousiastes. Posté dans le hall d’accueil du cinéma Rex de Sarlat (Dordogne) jeudi 5 juin, Fernando Costa a tenu saluer une à une les 570 personnes invitées à assister à la projection du documentaire consacré au sculpteur soudeur autodidacte. Il sera diffusé jeudi 12 juin sur France 3 Nouvelle-Aquitaine.
Deux salles du cinéma étaient pleines avec 420 et 150 personnes avides de découvrir l’émouvant documentaire.
David Briand
52 minutes qui permettent d’appréhender les multiples facettes de ce personnage attachant devenu un artiste réputé grâce à son travail de la ferraille émaillée issue de la signalisation routière. « Je pensais au début que c’était simplement un sujet de deux ou trois minutes. Le réalisateur Stéphane Berthomieux m’a dit : ‘‘non, c’est 52 minutes’’ », sourit-il, encore épaté d’être au centre d’un tel projet qui voit plusieurs de ses proches témoigner.
Émotions
Son visionnage permet de découvrir comment, après un CAP à l’école hôtelière de Boulazac suivi d’un apprentissage au restaurant Saint-Albert à Sarlat avec Lucien et Michel Garrigou, il devient steward sur le paquebot « Queen Elizabeth II », avant d’embrasser la vie d’artiste : des années de galère avant la consécration croissante après sa première exposition à Paris en octobre 2005. Un déclic raconté par des galeristes qui voient dans ses œuvres colorées une affiliation au courant du nouveau réalisme, dans la continuité de César, le premier modèle de Costa.
Un voyage dans le temps autant que géographique : Fernando Costa est revenu dans sa maison d’enfance à Simeyrols. C’est là, dans son atelier, que son père, arrivé du Portugal en 1968 un an avant la famille, s’adonnait à quelques activités artistiques.
Sans doute faut-il y voir la première source d’inspiration de l’artiste, ému aux larmes. Autre moment d’émotion quand celui qui a toujours eu l’âme d’un créateur revoit le « Queen Elizabeth II », sur lequel il a servi au début des années 1990, désormais hôtel flottant amarré à Dubaï (le téléspectateur appréciera l’empreinte laissée par l’artiste) ou au moment de retrouver René Peyrodes, ferronnier à Souillac (Lot), « qui m’a appris la soudure ». Presque un second père rencontré pour la première fois « le 3 juillet 1998, le jour du quart de finale de la Coupe du monde de football France-Italie » se remémore le sculpteur, doté d’une étonnante mémoire. Il sait raconter la petite histoire de chacune de ses 1 800 œuvres.
L’une des idées les plus abouties du documentaire est d’avoir filmé des écoliers qui visitent l’atelier de l’artiste situé dans un ancien séchoir à tabac à Calviac : une manière pour le téléspectateur non averti d’écouter Fernando Costa raconter comment il crée ses œuvres, d’abord abstraites puis figuratives.
On suit aussi le sculpteur livrer dans un cabinet d’avocat parisien l’une de ses créations sur l’abolition de la peine de mort en 1981.
L’artiste humaniste travaille sur Rosa Parks, pionnière de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis.
À voir
« Fernando Costa, sculpter le métal », le documentaire de Stéphane Berthomieux produit par Anne Derré, est diffusé jeudi 12 juin à 23 heures sur France 3 Nouvelle-Aquitaine. Accessible également en replay sur le site de France TV jusqu’au 12 juin 2026.