Des années après son apparition sur les appareils électroménagers, l’étiquette énergie fait son apparition sur les smartphones et tablettes. Derrière cette étiquette familière se cache une petite révolution pour les consommateurs européens, mais que signifie vraiment cette nouvelle étiquette et comment va-t-elle changer notre façon d’acheter ?
Ce qui change sur l’étiquette (et dans votre main)
Au premier coup d’œil, l’étiquette est conçue pour être simple et visuelle. Fini le jargon technique, place à des indicateurs clairs pour comparer les modèles en un clin d’œil. Elle affiche :
- La marque et le modèle
- Le QR Code : en haut de l’étiquette, un QR code vous ouvre les portes de la base de données européenne EPREL. Scannez-le pour accéder à une mine d’informations techniques détaillées, bien plus complètes que sur l’étiquette physique.
- La classe d’efficacité énergétique (de A à G) : comme pour l’électroménager, une échelle de couleurs du vert au rouge évalue la performance énergétique. Mais attention, il ne s’agit pas seulement de la consommation brute. La note récompense les appareils qui optimisent leur autonomie pour une capacité de batterie donnée. Un smartphone classé A est donc un champion de l’optimisation.
- L’autonomie de la batterie : indiquée en heures et minutes, elle vous donne une idée concrète de l’endurance de l’appareil sur un cycle de charge complet, basée sur un test d’usage standardisé (appels, web, vidéo…).

- La résistance aux chutes (notée de A à E) : cette note évalue sa robustesse face aux chutes accidentelles d’un mètre. Un appareil de classe A peut endurer plus de 270 chutes sans défaillance fonctionnelle.
- L’indice de réparabilité européen (noté de A à E) : pour la première fois à l’échelle de l’UE, un score de réparabilité devient obligatoire sur un produit. Il évalue la facilité de démontage, le type de fixations (les vis sont mieux notées que la colle) ou encore la disponibilité des pièces.
- La longévité de la batterie (notée de A à E) : ce pictogramme indique le nombre de cycles de charge complets que la batterie peut supporter avant que sa capacité ne tombe sous les 80 %.
- La protection contre l’eau et la poussière : le fameux indice IP (Ingress Protection) est désormais affiché clairement, vous indiquant si votre appareil craint la pluie ou peut survivre à un plongeon accidentel.
- Le numéro du règlement européen de référence
Derrière l’étiquette, une révolution silencieuse
Si l’étiquette est la partie visible de l’iceberg, le plus grand changement est invisible. Elle est adossée à un règlement sur l’écoconception qui impose des normes minimales drastiques à tous les appareils vendus en Europe. Concrètement, les fabricants ont désormais des obligations légales :
- Toute batterie de smartphone devra supporter au moins 800 cycles de charge en conservant 80 % de sa capacité.
- Tout smartphone devra résister à un minimum de 45 chutes d’un mètre (35 chutes pour les pliants).
- Les fabricants doivent rendre les pièces détachées essentielles (écrans, batteries, caméras…) disponibles pendant sept ans après la fin de la commercialisation du modèle.
- Les mises à jour de sécurité et du système d’exploitation sont garanties pendant au moins cinq ans.
Une avancée parfaite ? Pas si vite…
Si cette réglementation est un pas de géant, des associations de consommateurs comme Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) pointent du doigt des faiblesses importantes. La critique la plus virulente concerne l’indice de réparabilité européen. Contrairement à l’indice français qu’il remplace pour les nouveaux modèles, il n’inclut pas le prix des pièces détachées dans son calcul. Pour l’association, cette décision va « à contre-courant des avancées majeures réalisées en France ».
Ainsi, un téléphone pourrait obtenir une excellente note de réparabilité parce qu’il est facile à démonter, tout en étant économiquement irréparable en raison du coût exorbitant de son écran ou de sa batterie. Une information cruciale qui manquera au consommateur au moment de l’achat. Autre critique, l’étiquette présente une série d’indicateurs non agrégés. Là où l’indice français donnait une note unique sur 10, facile à comparer, le consommateur européen devra jongler avec six informations distinctes pour se forger sa propre opinion.
Si l’association HOP se dit « très déçu » par cette nouvelle étiquette, le bilan est plus positif pour Que Choisir. L’association de consommateur exprime néanmoins « quelques réserves » et indique que l’étiquette énergie est d’abord le fruit d’un compromis avec les industriels, les autorités et les laboratoires. « L’intérêt commercial n’est jamais bien loin », ajoute l’UFC Que Choisir.
Ce que ça change pour vous, consommateur
Malgré ses défauts, cette nouvelle étiquette vous donne des clés pour devenir un acheteur plus averti. On vous conseille de ne pas de vous limiter à la classe énergie, mais de regarder attentivement les notes de longévité de la batterie et de réparabilité. Ce sont elles qui détermineront la durée de vie réelle de votre appareil. Il ne faut pas non plus hésiter à utiliser le QR code pour obtenir toutes les informations importantes.
Enfin, rappelez-vous qu’un modèle un peu plus cher mais mieux noté en durabilité et en réparation vous fera probablement économiser de l’argent à long terme. Ce conseil était déjà valable avant, il l’est encore plus aujourd’hui.
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