Le tribunal de commerce de Belfort a fait son choix, mardi, et a retenu la candidature de John Cockerill Hydrogène pour reprendre la société McPhy Energy.
Le groupe, détenu majoritairement par Bernard Serin, par ailleurs président du FC Metz, s’est diversifié dans l’hydrogène depuis 2017 et dans la production d’électrolyseurs alcalins de grande capacité depuis 2018. L’entreprise franco-belge propose les électrolyseurs les plus puissants du marché, capable de produire l’équivalent de 5 MW en une heure. Fin juin, sa branche hydrogène a finalisé une augmentation de capital de 116 millions d’€, destinée notamment à absorber McPhy.
John Cockerill possède des sites de production à Aspach (Haut-Rhin, à la limite du Territoire de Belfort) et à Seraing (Belgique).
Son plan de reprise prévoit la poursuite de l’activité de McPhy sur le site de l’Aéroparc de Fontaine, les brevets, la technologien, ainsi que la reprise d’une cinquantaine de salariés, soit la quasi-totalité des personnes travaillant dans la gigafactory inaugurée l’an passé dans le Territoire de Belfort.
Soutenu par le Grand Belfort
« Nous travaillons depuis des mois, dans le silence, pour cette reprise par John Cockerill Hydrogène, et c’est une excellente nouvelle. Cela va permettre de poursuivre et d’amplifier l’activité, conserver le site et la majeure partie du personnel en s’appuyant sur une société solide » avance Damien Meslot, président du Grand Belfort.
Christophe Grudler, député européen souligne que cette reprise intervient le jour où la Commission européenne a publié l’acte délégué définissant l’hydrogène bas carbone. L’hydrogène produit avec de l’électricité de source nucléaire (les deux tiers de la production en France) entrera dans cette classification.
Des subventions encore à verser
L’aide publique sera sans doute moins importante que les 114 millions initialement annoncés. L’implantation de la gigafactory a été accompagnée d’une subvention d’environ 29 millions d’€. Une cinquantaine de millions d’€ pourraient encore être débloqués sur ce projet hydrogène.
« La reprise par John Cockerill Hydrogène garantit la continuité du site de Belfort et l’industrialisation de l’électrolyse alcaline en France », déclare Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Energie. Devant le tribunal, John Cockerill a défendu le projet de combiner sa technologie avec celle de McPhy pour créer un nouveau produit capable de faire concurrence aux Chinois.
« En combinant les cellules de John Cockerill avec certains composants innovants de McPhy, nous visons à terme un gain de compétitivité de 10 à 15 % par rapport aux modèles actuels » détaille Nicolas de Coignac, DG de John Cockerill Hydrogène.
La reprise a été actée pour 600 000 €, mais la société franco-belge devrait mettre beaucoup plus sur la table pour poursuivre l’activité alors que le marché n’est pas encore au rendez-vous. « Nous ne voulons pas que dans 15 ans, il arrive à l’hydrogène ce qui est arrivé aux panneaux solaires, pour lesquels toute la production est aujourd’hui asiatique. Il faut un champion européen », confiait, lors de la précédente audience devant le tribunal, un des responsables de John Cockerill.