La menace de droits de douane américains sur l’énergie canadienne n’aura pas d’impact sur les dépenses prévues par Cenovus Energy, mais la société affirme que de tels tarifs pourraient entraîner un « rééquilibrage hors des États-Unis » en ce qui concerne la destination de son pétrole.
Le projet du président américain Donald Trump d’imposer des tarifs généralisés sur les importations américaines de biens canadiens est suspendu jusqu’en mars. Donald Trump avait auparavant signé un décret qui imposerait une taxe de 10 % sur les produits énergétiques canadiens, ainsi que des tarifs de 25 % sur tous les autres biens.
S’exprimant lors de la conférence téléphonique sur les résultats du quatrième trimestre de Cenovus jeudi, le président et chef de la direction, Jon McKenzie, a déclaré que les tarifs pourraient affecter « de nombreuses variables qui ont un impact sur notre flux de trésorerie », y compris les prix du pétrole.
« Mais il y a aussi des répercussions sur le prix du condensat, le prix du gaz naturel, qui sont tous des intrants pour notre activité », a souligné M. McKenzie aux analystes.
Il a ajouté que les marges de raffinage et les taux de change aux États-Unis pourraient également être touchés si la menace des droits de douane se concrétisait.
« Donc, lorsque vous examinez l’ensemble des facteurs qui ont un impact sur notre trésorerie, nous ne savons pas vraiment qui va payer quelle partie des droits de douane, ni quel sera l’impact global sur l’entreprise », a-t-il indiqué.
« Si nous nous trouvons malheureusement dans un monde où les droits de douane entreront en vigueur en mars, nous surveillerons ces signaux de prix et réagirons en conséquence. »
Cela pourrait inclure un pivot en ce qui concerne la destination des exportations de produits pétroliers transportés par le pipeline Trans Mountain, a déclaré Geoff Murray, premier vice-président commercial de Cenovus.
« Je pense que nous verrions […] un rééquilibrage au détriment des États-Unis et un rééquilibrage au niveau mondial », a-t-il noté.
Il y a généralement eu une répartition 50/50 entre la Californie et l’Asie pour les livraisons de pétrole transporté par le pipeline, a indiqué M. Murray.
« Sans tarifs, cela continue sans relâche. Si des tarifs devaient apparaître, cela serait évidemment une raison économique de rééquilibrage », a-t-il expliqué.
« Nous nous attendons à ce que cela entraîne évidemment autant de volume que possible via Trans Mountain, peut-être au-delà de la capacité contractuelle, à condition que le volume puisse trouver un port d’attache, et il se dirigerait alors de préférence vers le monde entier, plutôt que vers la Californie. »
Les plans de dépenses ne devraient pas bouger
À la question de savoir si les tarifs affecteraient les plans de dépenses de Cenovus pour 2025, M. McKenzie a déclaré que la société avait déjà limité ses dépenses d’investissement à des « niveaux assez modestes » et qu’elle était en train d’achever quelques projets majeurs.
« Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit du côté des tarifs qui pourrait changer nos plans d’exploitation cette année ou dans un avenir proche », a-t-il indiqué.
M. McKenzie a souligné les étapes importantes associées à quelques-uns de ses projets au quatrième trimestre, notamment l’achèvement mécanique du pipeline de Narrows Lake.
L’oléoduc de 17 kilomètres reliant son réservoir de sables bitumineux de Narrows Lake à sa principale installation de traitement de Christina Lake devrait permettre de produire jusqu’à 30 000 barils par jour supplémentaires à partir du site, à compter de la mi-2025.
Des travaux mécaniques ont également été finalisés sur la structure gravitaire en béton et les structures de surface du projet West White Rose au large des côtes de Terre-Neuve.
West White Rose, une extension de plusieurs milliards de dollars du champ pétrolier extracôtier existant de White Rose, est désormais complétée à 88 % et en passe de réaliser ses premiers produits pétroliers en 2026, a noté M. McKenzie.
Cenovus Energy a annoncé que son bénéfice et son chiffre d’affaires du quatrième trimestre ont diminué par rapport à l’année précédente en raison de la baisse des prix du pétrole et du gaz naturel.
La société affirme avoir gagné 146 millions, soit sept cents par action, pour le trimestre clos le 31 décembre, comparativement à 743 millions, soit 32 cents par action, au cours des trois derniers mois de 2023.
Cenovus indique que son flux de trésorerie ajusté s’est chiffré à 87 cents par action au cours de son dernier trimestre, contre 1,08 $ par action un an plus tôt.
Le chiffre d’affaires a totalisé 12,8 milliards, contre 13,1 milliards un an plus tôt.
La production totale en amont pour le trimestre s’est élevée à 816 000 barils d’équivalent pétrole par jour, en hausse par rapport à 808 600 lors de la même période de l’exercice précédent.
Le débit en aval s’est élevé à 666 700 barils par jour, en hausse par rapport à 579 100 au quatrième trimestre de 2023.
La dette nette de Cenovus à la fin de 2024 était de 4,6 milliards, soit une augmentation d’environ 420 millions par rapport au trimestre précédent. Ce montant est également supérieur à l’objectif de 4 milliards de la société, un jalon qu’elle avait déjà atteint au cours de son deuxième trimestre.
M. McKenzie a déclaré que l’augmentation de la dette nette reflétait l’affaiblissement du dollar canadien, une accumulation temporaire des stocks d’environ 22 000 barils par jour, ainsi que son programme de rachat d’actions.