Arrivé en 1997 sur la ferme familiale de Tanavelle créée par son père en 1973 sur 20 hectares, Jérôme Francon, son épouse Céline et leur fils Kévin, associés en Gaec, sont aujourd’hui à la tête d’un troupeau de vaches allaitantes charolaises de 180 vêlages par an, sur 165 hectares. « En produisant une viande toute herbe, avec un minimum d’intrants », et une capacité à produire propre, le Gaec Francon fait partie des 31 fermes du Cantal, parmi les 321 en France, engagées depuis 2021 dans le projet européen « Life carbon farming » lancé dans six pays (France, Allemagne, Belgique, Italie, Espagne et Irlande) sur 700 exploitations. « Un bon exemple », selon Sarah Lamsaif, conseillère spécialisée bas carbone à la Chambre d’agriculture du Cantal, qui accompagne la famille depuis trois ans.
Suivi sur une période de cinq ans, ce programme a pour objectif « de réduire l’empreinte carbone des exploitations de polyculture élevage [de l’ordre de 15 %, NDLR] et de mettre en place un système de rémunération des éleveurs basé sur le résultat », expliquait-elle, à l’occasion d’un séminaire dédié aux solutions concrètes pour une agriculture plus durable. En partenariat avec l’Établissement départemental de l’élevage du Puy-de-Dôme (EDE), qui accompagne, lui, 20 exploitations engagées dans le projet, les techniciens agricoles ont ainsi présenté et listé, les différentes initiatives bas carbone qui s’offrent aux éleveurs.
Un projet de territoire
Parmi elles, la méthanisation, un outil de valorisation pour produire du biogaz et ainsi de l’énergie. Mais la famille Francon a, elle, une autre idée en tête. « En 2006 déjà, on avait fait une formation sur la méthanisation avec ma femme, mais on n’a pas pu le mettre en place, car ce n’est adaptable ni à notre exploitation ni à notre territoire. On est à 1.000 mètres d’altitude et produire du déchet pour produire du déchet et faire de la méthanisation, ce n’est pas faisable. En tout cas, c’est difficile. Actuellement, les déchets, nous, on les stocke et on fait de l’épandage mais le biogaz produit est perdu ».
« Notre solution, c’est de faire un projet de territoire avec tous les agriculteurs qui ont des déchets issus de leurs effluents pour qu’ils soient collectés, comme l’est le lait. Les biogaz ainsi ramassés et stockés pourraient servir à alimenter les chaudières des réseaux de chaleur bois de Saint-Flour par exemple »
Une solution « très simple à mettre en œuvre, gagnante-gagnante pour tout le territoire qui deviendrait ainsi autonome », selon lui. « Qui permettrait de valoriser nous-mêmes nos effluents » et, qui plus est, générerait un complément de revenus non négligeable. Jérôme Francon l’a, lui, estimé pour sa propre exploitation : « On pourrait installer notre fille, Anaïs qui a fini ses études et qui attend de rejoindre le Gaec. Ou embaucher un salarié », assure-t-il.
Mais, pour l’heure, cette alternative innovante, qui n’a pas d’autre équivalent ailleurs en France, en est à ses balbutiements et nécessite une étude de faisabilité. « On planche dessus depuis un an avec le Sytec, la communauté de communes, la Chambre d’agriculture, GRDF et Bois Énergie 15 », explique Jérôme Francon, impatient de pouvoir rapidement concrétiser ce dispositif « pour être davantage autonome et compétitif en matière de biogaz ».