La pépite française du gaz de décharge, Waga Energy, se vend à un fonds d’investissement suédois. Le 5 juin, les trois fondateurs (Mathieu Lefebvre, Guénaël Prince, Nicolas Paget) et les actionnaires historiques français siégeant au conseil d’administration ont accepté de vendre à EQT 54,1% du capital de l’entreprise, cotée en Bourse depuis 2021. EQT envisage ensuite une OPA pour acquérir l’intégralité de l’entreprise iséroise (300 personnes, 55,7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024) et sortir l’entreprise de la cote et des turbulences du marché d’ici à la fin de 2025. Les trois fondateurs vont réinvestir leur part dans l’entreprise, dont l’organisation et le siège situés à Eybien, en Isère, à côté de Grenoble, ne changeront pas.
«Ce qui a déclenché cette opération, c’est notre prise de conscience qu’on n’allait pas pouvoir suivre l’ambition de Waga en étant coté sur les marchés», explique Mathieu Lefebvre, le PDG de la start-up créée en 2015. S’il ne regrette pas l’introduction en Bourse, qui a permis à l’entreprise «de se structurer de manière accélérée, d’amener de la visibilité et de la reconnaissance, notamment sur les marchés nord-américains, et de la transparence dans notre communication», elle présente le grand défaut de «distraire le management», qui passe beaucoup de temps à expliquer aux investisseurs le métier de Waga Energy, qui purifie par un procédé cryogénique le gaz des déchets enfouis.
Un modèle très intense en capital
La Bourse est surtout beaucoup trop aléatoire. «On subit tous les facteurs exogènes impactant les marchés, comme le retour de Trump au pouvoir», observe Mathieu Lefebvre. Le marché ne serait surtout pas très friand des augmentations de capital à répétition dont a besoin Waga Energy pour croître avec son modèle de développeur, opérateur et producteur de biométhane de décharge, choisi dès sa création et très intense en capital. «Quand on voit nos difficultés pour lever 52 millions d’euros en 2024, alors qu’il va nous en falloir des centaines de millions, il nous est paru plus pertinent de nous adosser à un fonds», résume le PDG de Waga Energy.
EQT, un fonds d’infrastructure suédois de 273 milliards d’euros, le plus important d’Europe, déjà actionnaire d’entreprises comme la Saur, en France, a les moyens d’accompagner le développement de Waga Energy, qui opère déjà 31 Wagabox, «dont la dernière vient d’être mise en service sur l’île de Vancouver, au Canada». 19 autres sont en construction. «Le partenariat avec EQT débloquerait des investissements significatifs pour accélérer notre croissance et convertir notre pipeline de 16,8 TWh par an, tant en Amérique du Nord qu’en Europe», explique Matthieu Lefebvre, le PDG. Sollicitée par des municipalités un peu partout dans le monde pour décarboner leur gestion des déchets, la start-up vient d’ouvrir un bureau au Brésil et a des projets au Mexique et en Colombie. Les autres zones géographiques, dont l’Asie, seront pour plus tard.