Une journée pour découvrir les dernières innovations. Environ 150 agriculteurs étaient à Canappeville (Eure), mercredi 4 juin 2025, pour assister aux Rencontres Agros, organisées par la coopérative NatUp.
Avec 4 000 adhérents, principalement installés en Normandie, celle-ci est un poids lourd dans l’économie agricole. « C’est un rendez-vous annuel très attendu des agriculteurs, qui ont besoin de voir de nouvelles choses pour se faire un avis », explique Fabrice Arcade, le responsable régional de la coopérative pour le sud de l’Eure. « Le but, c’est qu’ils soient plus efficaces dans leurs pratiques et puissent améliorer leur rentabilité. Aujourd’hui, on met aussi beaucoup l’accent sur l’agroécologie », ajoute-t-il.
La visite organisée pour les professionnels comprenait un passage de 30 minutes à chacun des quatre ateliers mis en place : variétés génétiques, désherbage, culture du lin et services. Gestion de la fertilisation, de la charge administrative, optimisation de la vente de céréales… NatUp propose en effet une multitude de services à ses adhérents. « On n’est pas qu’une coopérative de vente de produits phytosanitaires et d’achats de céréales, ce n’est que la base », précise Fabrice Arcade.
« Il va falloir revoir vos stratégies »
« Avec la fin du Flufénacet en 2026 [un herbicide racinaire bientôt interdit], il va falloir revoir vos stratégies. Il est hyper important de connaître la flore sur sa parcelle », avertit François-Xavier Renault, animateur de la coopérative, devant un groupe d’une vingtaine de spectateurs. « On est là pour remettre l’agronomie au cœur des pratiques. »
Derrière lui, des parcelles témoins ont été mises à disposition par l’Association des amis des campagnes de France, qui gère le CFA de Canappeville. Elles ont été traitées avec différentes techniques, avant ou après les semis, eux-mêmes effectués à différentes dates. La présentation donne lieu à des échanges de haut vol entre les techniciens de la coopérative et les professionnels.

L’arrivée d’un nouveau produit
« C’est dense ! C’est pas donné à tout le monde, faut avoir quelques bases », concède Cléo Alleaume, étudiante en BTS production animale au lycée Gilbert-Martin du Neubourg. Elle est venue avec sa classe. « C’est pointu. Ça nous permet de voir les nouveaux produits, les nouvelles variétés, les nouveaux systèmes, etc », salue son camarade de classe Jonathan Samson.
La présentation d’un nouvel herbicide proposé par la coopérative, le Luximo, fait mouche dans l’assistance. « C’est un produit qui est autorisé depuis deux ans en Angleterre mais pas homologué chez nous. C’est illogique. Il faudrait que tout le monde soit logé à la même enseigne », confie en aparté un agriculteur du plateau du Neubourg.

Une diversification tous azimuts
Agriculteur à Bernienville, Didier Hervieu est administrateur de la coopérative depuis une trentaine d’années. « Tous les adhérents sont actionnaires et désignent une vingtaine de personnes, comme moi, qui valident l’orientation de l’entreprise », indique-t-il. Une gouvernance collective qui accompagne une stratégie de diversification engagée depuis plus de dix ans. « On a estimé que la monoactivité était une vulnérabilité. Si l’année est très mauvaise en blé, par exemple, on a d’autres revenus », explique-t-il.
Aujourd’hui, NatUp s’est imposée comme un mastodonte de l’agriculture normande : 1 850 salariés, 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, 250 millions d’euros de capitaux propres. Son siège est basé à Mont-Saint-Aignan, en banlieue de Rouen (Seine-Maritime).
« C’est du lourd »
Outre ses 140 points de collecte de céréales, la coopérative contrôle une galaxie d’activités : les magasins Gamm Vert, les boucheries Les Éleveurs de la Charentonne, le fabricant de plats cuisinés Lunor, la filature de lin French Filature près de Bernay, ou encore l’usine textile Lemaitre Demeestere, dans le Nord.
Une stratégie payante : 50 % de l’excédent brut d’exploitation (EBE) de NatUp provient désormais d’activités non liées à la collecte de céréales. « C’est du lourd. Et tout ça, ça appartient aux paysans ! »

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