La Montréalaise Backxwash, qui mélange rap et métal, présentera son nouvel album Only Dust Remains à la SAT, ce vendredi. La Presse s’est entretenue avec l’artiste trans qui ne se soucie guère des conventions.
Si la musique de Backxwash peut être abrasive et opaque, Ashanti Mutinta, de son vrai nom, ne pourrait être plus sympathique en entrevue – virtuelle.
Lauréate d’un prix Polaris en 2020 pour God Has Nothing to Do with This Leave Him Out of It, la Montréalaise amorce un nouveau cycle avec Only Dust Remains, qui arrive près de trois ans après le dernier chapitre d’une trilogie entamée avec son album décoré de la plus importante distinction au pays.
Au fil de ses 30 pièces, l’artiste aborde une vaste gamme de sujets, tels que la mort, la santé mentale, l’identité, les injustices sociales, la religion et l’oppression. Les ambiances musicales sont tout aussi variées, combinant entre autres rap, métal, punk, goth et noise. Ces audacieuses combinaisons, parfois savamment orchestrées, parfois délibérément chaotiques, ont permis à Backxwash de se tailler une place dans la courte liste des artistes qui nous fascinent par leur démarche imprévisible.
Mukazi, dernière chanson de sa trilogie cathartique, laisse entendre qu’elle se porte mieux – « I had suicidal thoughts really suicidal / I mean less these days / It’s like my life means something / Less stressed these days ». Une bonne nouvelle qui rendait la suite d’autant plus intrigante.
« Après Mukazi, je peux comprendre qu’on s’attendait à de la musique plus joyeuse, mais Only Dust Remains propose plutôt d’accepter certaines choses que de les enfouir dans le passé […] Disons que sur le chemin du travail, il y a un chien qui te pourchasse chaque jour. Tu peux chercher un autre chemin, mais s’il n’y en a pas, tu dois apprendre à vivre avec le chien, illustre Backxwash. Il faut prendre le contrôle de son destin. »
Un regard élargi, mais plus précis
Elle applique la même sagesse pour revisiter des thèmes récurrents dans son œuvre. « J’ai parlé beaucoup de mort et de suicide, mais cette fois, mon approche est à la fois macro et micro, explique-t-elle. Par moments, j’aborde un sujet de manière globale, et je m’y penche ensuite dans le détail, avec soin. C’est plus délibéré, avec plus d’émotions. »
Musicalement, l’intention va dans le même sens. « Je voulais que ce soit plus mélodieux. J’aime composer, mais je trouve que je ne l’ai pas beaucoup démontré dans mes sorties précédentes », indique Backxwash. La magistrale Wake Up confirme hors de tout doute ses talents de productrice avec la répétition d’un échantillon de la voix d’un chanteur reggae, combinée à la superposition de claviers lugubres, d’une puissante batterie, d’un piano mélancolique, de chants chorals et finalement d’une guitare électrique.
Parmi ses inspirations, la rappeuse mentionne Björk, le regretté DOOM et la scène noise montréalaise. Originaire de la Zambie, Backxwash s’identifie également à la culture de ses ancêtres. « Ma spiritualité est liée aux croyances de ma tribu », souligne-t-elle. Elle y fait d’ailleurs référence à quelques reprises. Sur la sublime mais tragique 9th Heaven, l’artiste annonce l’arrivée imminente du drummer (batteur). « En Zambie, la musique funéraire est surtout composée de percussions. Je trouvais intéressant de personnifier la Mort sans la nommer », explique-t-elle.
Le spectacle de ce 18 avril à la Société des arts technologiques (SAT) n’aura rien de funeste, promet toutefois Backxwash. « Ça va être une belle soirée pleine de musique. J’ai hâte de voir Fernie et Magella [qui assurent la première partie], mes artistes préférés de la ville. »
Donc, Montréal joue toujours un rôle important dans sa musique ? « Hell yeah ! »
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