Dans le cadre d’un renforcement de son autonomie stratégique, et notamment celui du plan ReArm 2030, l’Union met en place un plan pour protéger sa production d’acier et de métaux.
La temporalité de l’annonce n’est sans doute pas anodine. Suite aux différentes annonces douanières en provenance de Washington, mais également à celui du plan Readiness 2030 visant au réarmement et une plus grande autonomie stratégique et de défense des pays de l’Union Européenne, un plan d’action pour l’acier et les métaux a été annoncée par la Commission Européenne. Celui-ci, annoncé le 19 mars, vise à accroître la compétitivité du secteur et à garantir son avenir. Pour mémoire, outre l’aspect stratégique de la question notamment pour la construction navale civile et de défense, il est intéressant de noter que c’est précisément sur ce secteur qu’a été crée, en 1951, la CECA (Communauté européenne du Charbon et de l’Acier), premier marché unique européen et prémice de la CEE puis de l’Union Européenne.
« Dans le contexte géopolitique actuel, disposer d’une industrie de l’acier et des métaux forte est crucial pour assurer la sécurité de l’UE et mettre en œuvre le plan ReArm Europe / Readiness 2030 », dit la Commission européenne. Le secteur fait actuellement face à plusieurs défis, notamment la hausse des coûts énergétiques, la concurrence mondiale et la nécessité d’investir dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, la Commission a également identifié des mesures de distorsion du marché, comme le soutien non transparent aux surcapacités mondiales et l’imposition de droits de douane injustifiés sur l’acier et l’aluminium européens, comme menaçant la compétitivité du secteur.
Le plan d’action vise donc plusieurs points concrets. Le premier est la garantie d’un approvisionnement énergétique abordable et sécurisé. Il vise à encourager les accords d’achat d’électricité à long terme, inciter les États membres à appliquer des flexibilités fiscales et des tarifs réduits pour réduire la volatilité des prix de l’électricité, et faciliter l’accès au réseau pour les industries.
Le second prévoit le renforcement du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM) pour empêcher l’importation de métaux à forte empreinte carbone déguisés en produits verts. La Commission prévoit une communication sur ce sujet au deuxième trimestre 2025 et un élargissement du CBAM à certains produits en acier et en aluminium d’ici fin 2025.
Suivent ensuite les mesures relevant des droits de douane et la défense commerciale. L’Union annonce un renforcement des mesures dans ce domaine et la mise en place de nouvelles mesures de sauvegarde pour protéger l’industrie domestique La mise en place d’une règle dite “fondu et coulé” (melted and poured rule) est également à l’étude pour mieux contrôler l’origine des produits métalliques.
En ce qui concerne la décarbonation de l’industrie, la Commission annonce une accélération via l’Industrial Decarbonisation Accelerator Act introduira des critères de durabilité pour favoriser la demande en métaux bas carbone produits en Europe. Un financement de 150 millions d’euros sera alloué via le Fonds de recherche pour le charbon et l’acier en 2026-2027, avec un complément de 600 millions d’euros via Horizon Europe dans le cadre du Clean Industrial Deal. La Banque pour la Décarbonation Industrielle mobilisera 100 milliards d’euros pour soutenir les investissements, avec un premier appel d’offres d’un milliard d’euros en 2025.
L’industrie sidérurgique européenne, avec près de 500 sites de production répartis dans 22 États membres, représente environ 80 milliards d’euros de PIB et plus de 2.6 millions d’emplois.
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