Il est né il y a un demi-siècle et a été souvent diabolisé. Le Heavy Metal a tracé sa propre voie en faisant vibrer ses publics et les cordes vocales. Sous la plume du journaliste Christophe Gagné, le second tome de la série L’Histoire de 5 grands groupes de métal du Québec met sur papier le talent d’un collectif de bédéistes reconnus composé de Julien Dallaire-Charest, Jeik Dion, Félix LaFlamme, Guillaume Menuel, VoRo et François Lapierre.
Ce festival graphique met en scène le métal extrême de B.A.R.F., la technique de Cryptopsy, la noirceur de Necronomicon, le classique de Sword et l’inclassable de Voïvod. En somme, des formations qui ont marqué les imaginaires et l’histoire musicale québécoise à leur propre manière.
Le conteur visuel François Lapierre n’en est pas à un premier rodéo, reconnu pour ses talents même en Europe. Une collaboration avec un autre illustrateur l’a mené à participer à ce beau projet qui mêle deux de ses grands amours, la musique et la bande dessinée.
«J’ai publié un album de bandes dessinées portant sur la schizophrénie, il y a deux ans, en collaboration avec VoRo, son nom de plume. Des tournées en Europe nous ont menés vers une activité tenue dans le secteur de Prévost, dans les Basses-Laurentides», nous raconte ce résident de Shefford, en Estrie.
Il y a fait la rencontre de l’éditeur Nick Micho, qui a déjà publié un premier tome portant sur les groupes mythiques de la scène métal québécoise. VoRo a soulevé l’idée d’un deuxième projet du même genre. Il a voulu mettre en lumière le groupe Cryptopsy dans ses bandes dessinées.
«J’ai embarqué dans le projet en considérant ma belle relation avec VoRo. J’écoute du métal, sans trop, mais beaucoup d’autres genres aussi. Je n’aurais pas fait un projet sur n’importe quel groupe», dit-il.
Il entend et apprécie les fréquences de B.A.R.F depuis les années 1990. Le fait d’illustrer ce groupe en bandes dessinées est pour lui une occasion de plonger dans une époque intense et bouillonnante de la culture alternative. Il a voulu rendre justice à la rage, mais aussi à la pertinence de la formation musicale.
«Ce groupe m’accompagne dans mon processus de création et dans mon quotidien depuis des années. Pour moi, ce projet est une façon de lui rendre hommage.»
— François Lapierre, auteur et illustrateur

Un processus collaboratif
L’album de 65 pages met en scène des moments «de chaos créatif, d’anecdotes mémorables, de récits poignants et de rencontres incroyables». Le chapitre illustré par François Lapierre compte une dizaine de pages. Au moment de l’entrevue, il en avait complété quatre.
«Christophe Gagné s’affaire à la scénarisation de chaque chapitre, pour les six illustrateurs participants. Les membres des groupes ont quant à eux partagé des anecdotes et des histoires intéressantes. Après l’écriture, je reçois une dizaine de pages scénarisées pour créer les bandes dessinées», explique-t-il.
La bande dessinée emprunte des caractéristiques du cinéma, en lien avec les angles de vision. On doit créer la bonne harmonie sur chaque page, dans chaque case.
«Les anecdotes de B.A.R.F sont très intéressantes! J’y ai été avec une bonne dose de dynamisme. Je dirais que le beau défi, c’est de faire en sorte que les personnages se ressemblent d’une case à l’autre.»

Dans le cadre de ce projet, François Lapierre a la chance de découvrir le talent d’autres conteurs visuels, dans un monde de la bande dessinée qui ne cesse de fleurir et de gagner en popularité. «À chacun son propre style, mais à terme, la cohérence y est! J’aime beaucoup le travail des autres artistes», dit-il, en saluant aussi l’apport de Nick Micho et des Éditions Sawin.
Offert dans les deux langues officielles, cet album vise à faire rayonner le métal québécois bien au-delà de nos frontières. Une campagne de financement est en cours sur Ulule et Kickstarter, avec des offres exclusives, dont des ex-libris en tirage limité signés par des artistes du projet.