- Les URPS-Médecins libéraux alertent ce lundi sur l’exposition des Français au cadmium, un métal lourd cancérigène.
- Dans un communiqué et une lettre adressée au gouvernement, ces derniers dénoncent “un véritable fléau de santé publique.”
- Mais de quoi parle-t-on ?
“Un véritable fléau de santé publique.”
C’est en ces termes que les Unions régionales de professionnels de santé-Médecins libéraux (URPS-Médecins libéraux) alertent ce lundi sur l’exposition des Français au cadmium, un métal toxique et cancérigène. “Dans un contexte d’urgence sanitaire parfaitement documentée scientifiquement, il est de notre devoir d’interpeler la puissance publique pour actionner les leviers nécessaires afin de protéger les citoyens, sans plus attendre”,
explique dans un communiqué et une lettre adressée au gouvernement, relayés par Egora
,
le Dr Pascal Meyvaert, généraliste dans le Bas-Rhin, et coordinateur du groupe de travail “Santé environnementale” de la Conférence nationale des URPS médecins libéraux.
Au cours des derniers mois, ce groupe de travail a examiné les études menées sur le cadmium, qui s’accumule dans l’organisme via l’alimentation, notamment au travers de produits du quotidien tels que les céréales, le pain, les pâtes, les pommes de terre, et autres légumes racines. En janvier dernier, Zone interdite avait consacré une émission à la présence de cette substance dans notre alimentation. Sur les 41 références de pains artisanaux ou industriels analysés par les équipes de M6, toutes contenaient du cadmium. Or, en 2021, Santé Publique France (SPF) expliquait notamment que “le cadmium est suspecté de jouer un rôle dans l’accroissement majeur et extrêmement préoccupant de l’incidence du cancer du pancréas.”
De précédentes alertes
Un an plus tôt, en juillet 2020, c’est l’agence de sécurité sanitaire Anses qui tirait la sonnette d’alarme, à travers l’exemple des algues destinées à l’alimentation, comme celles utilisées pour les makis japonais, qui contiennent souvent trop de cadmium.
“Les quelque 250 analyses des prélèvements concernant des algues non transformées mettent en évidence des concentrations de cadmium dépassant, pour 26% d’entre elles, la valeur maximale de 0,5 mg/kg de poids sec recommandée par le CHSPF (Conseil supérieur d’hygiène public de France)”,
expliquait alors l’Anses dans un communiqué accompagnant son avis. Or, “une partie de la population française (est) déjà exposée au cadmium au-delà de la dose tolérable à travers son régime alimentaire usuel”,
ainsi que par “l’inhalation passive et active de fumée de tabac”.
C’est pourquoi l’agence de sécurité sanitaire avait recommandé “une concentration maximale en cadmium aussi basse que possible dans les algues alimentaires”
afin de “limiter la surexposition des consommateurs”.

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Déjà, en septembre 2019, l’agence sanitaire Anses avait recommandé de diminuer les niveaux de cadmium, pour “agir à la source”
et éviter “l’exposition des consommateurs par la voie alimentaire”.
De quoi parle-t-on ?
“Le cadmium est un contaminant très répandu dans l’environnement à l’état naturel et en raison de l’activité humaine, notamment agricole et industrielle. Il pénètre facilement dans les végétaux par leurs racines et entre ainsi dans la chaîne alimentaire”,
souligne l’Anses. Il est “reconnu cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction”.
Par ailleurs, il entraîne “des atteintes rénales et une fragilité osseuse lors d’une exposition prolongée, notamment par voie orale via l’alimentation et l’eau de boisson”,
souligne l’Anses. L’agence sanitaire pointe en particulier un “risque d’ostéoporose ou de fractures osseuses”.
Une étude de l’alimentation de la population française réalisée en 2011 avait estimé que 0,6% des adultes, 15% des enfants de trois à sept ans et 36% des moins de trois ans dépassaient la valeur toxicologique de référence (VTR) de cadmium par ingestion fixée par l’agence européenne EFSA en 2009. Cette dernière est située à 0,36 microgramme de cadmium par kilogramme de poids corporel et par jour.