(Agence Ecofin) – Premier producteur africain d’or, le Ghana a renforcé en 2024 sa position sur la chaîne de valeur du métal jaune avec le lancement de la Royal Ghana Refinery. Parallèlement, le pays veut étendre ses plans de transformation locale à d’autres minéraux qu’il produit ou prévoit de produire.
La Ghana Bauxite Company (GBC) veut construire une usine d’alumine, produit dérivé de la transformation de la bauxite et intermédiaire à l’aluminium. C’est ce qui ressort d’une déclaration attribuée par la presse locale à son DG Alexander Gyedu le mercredi 2 avril. Une initiative qui s’aligne ainsi avec les plans des autorités ghanéennes visant à promouvoir la transformation locale des minéraux, pour un secteur minier à plus forte valeur ajoutée.
Cette ambition est en effet au cœur des développements phares enregistrés dans cette industrie ces dernières années au Ghana. Premier producteur africain d’or, le pays a par exemple renforcé sa position sur la chaîne de valeur du métal jaune avec l’inauguration en 2024 de la Royal Ghana Refinery, une installation d’une capacité de production de 400 kg/jour.
Parallèlement, d’autres projets ont été annoncés dans le pays. C’est le cas de celui de raffinerie de bauxite de la GBC, et de celui de raffinerie de manganèse de Ghana Manganèse Company (GMC). Cette dernière installation qui, une fois finalisée, serait la première raffinerie de ce minerai dans le pays, devrait coûter un investissement de 450 millions USD.
Plus encore, le Ghana ambitionne de se positionner sur le marché des batteries pour véhicules électriques. Une vision qui a pour l’instant pris forme avec l‘annonce du projet d’une usine locale visant à traiter le concentré de spodumène de la future mine de lithium Ewoyaa par Atlantic Lithium, ou encore avec les plans de l’État destinés à valoriser le graphite du projet Kambale développé par Castle Minerals.
La mise en œuvre effective de ces divers projets permettrait en effet au Ghana de booster l’industrialisation de son secteur minier, générant par la même occasion davantage de revenus miniers et d’emplois. A titre illustratif, l’usine de transformation de manganèse planifiée par la Ghana Manganèse Company devrait permettre de faire passer les revenus du pays de 27% à près de 40% sur ce segment, avec à la clé plus de 400 000 emplois directs et indirects créés.
Pour ce qui est de la Ghana Bauxite Company, la construction de sa raffinerie de bauxite pourrait acter son exposition directe au marché de l’alumine, un produit qui se vend en moyenne quatre à cinq fois plus cher que la bauxite. Son prix est estimé à 375 USD la tonne pour livraison le 3 avril sur la Bourse des métaux de Londres, contre 84,85 USD la tonne pour la bauxite sur le Shanghai Metals Market.
Enfin, la transformation locale du lithium, du graphite ou encore du manganèse peut permettre au Ghana de mieux tirer profit de la croissance anticipée du marché des véhicules électriques en marge de la transition énergétique. Selon la BAD, l’Afrique, en se limitant à l’exportation de minerais bruts, ne devrait capter que 55 milliards USD sur ce marché qui devrait atteindre une valorisation de 8800 milliards USD en 2025.
Des défis à relever
Malgré ces développements, il faut souligner que les différents projets de transformation locale susmentionnés n’en sont encore qu’à leurs prémices au Ghana. Pour son usine de bauxite notamment, la GBC n’a pour l’instant révélé aucun détail sur sa capacité de production et son coût. Elle indique néanmoins sur son site web avoir engagé un consultant spécialisé pour une étude de préfaisabilité du projet. Le nom de cette entité n’a toutefois pas été précisé.
Il en est de même pour l’usine de lithium d’Ewoyaa où la société d’ingénierie Mincore avait été chargée de mener une étude sur le projet en 2023. On dispose aussi de peu d’informations sur l’avancée de la raffinerie de manganèse de Ghana Manganese Company. Si aucune mise à jour n’a été faite par la société depuis, Graphic Online, un média local, indiquait en octobre 2024 que la première phase de construction du projet était prévue pour démarrer le 21 novembre de cette année-là.
Outre ces différents points, notons que la transformation locale de minéraux implique aussi plusieurs défis majeurs. Un rapport d’Ecofin Pro intitulé « Produire des batteries électriques en Afrique : les conditions de la faisabilité » relève à cet effet la nécessité de disposer de capacités techniques suffisantes, de mobiliser du financement et d’assurer un approvisionnement électrique stable pour de telles infrastructures.
Aurel Sèdjro Houenou
Edité par : Feriol Bewa
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