
L’étude conclut à un résultat contre-intuitif : les boissons (bière, limonade, cola, thé glacé) vendues dans des bouteilles en verre contiennent plus de microplastiques que celles qui le sont dans des bouteilles en plastique. Une contamination probablement due à la peinture qui recouvre les capsules en métal, révèle une étude diffusée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), vendredi 20 juin.
Menés dans le cadre d’une thèse financée par l’Anses et la région Hauts-de-France, ces travaux ont été publiés à la mi-mai dans la revue spécialisée Journal of Food Composition and Analysis. Ce projet avait pour but de « rechercher la quantité de microplastiques dans plusieurs types de boissons vendues en France et de regarder l’impact que peuvent avoir les différents contenants [sur cette teneur en microplastiques], précise Guillaume Duflos, directeur de recherche à l’Anses. C’est la première fois qu’il y a ce type de travaux en France ».
Les bières beaucoup plus contaminées que l’eau
Les résultats mettent en évidence des niveaux de contamination de l’ordre de 100 particules de microplastique par litre de boisson, soit cinq à cinquante fois supérieurs à ceux des bouteilles en plastique ou des canettes. « Nous nous attendions à un résultat inverse », explique à l’AFP la doctorante Iseline Chaïb, qui a mené ces travaux au sein du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). « Nous avons alors remarqué que, dans le verre, les particules qui ressortaient des échantillons étaient de la même forme, de la même couleur et de la même composition polymérique, donc du même plastique, que la peinture extérieure des capsules qui ferment ces bouteilles en verre », poursuit-elle.
La peinture des capsules « comporte des miniéraflures, invisibles à l’œil nu, probablement dues aux frottements entre les capsules lorsqu’elles sont stockées avant leur utilisation », a constaté l’équipe de chercheurs, estimant que cela « pourrait libérer des particules à la surface des capsules ». Aussi, l’Anses recommande aux industriels de changer les conditions de stockage des capsules avant leur utilisation pour éviter les frottements ou de modifier la composition des peintures des capsules.
Les bières sont les boissons les plus contaminées, avec en moyenne 133 particules de microplastique par litre, devant les limonades (111), les colas (103) et les thés glacés (86). Pour l’eau, en revanche, la quantité de microplastiques retrouvée est beaucoup plus faible : elle est limitée à 4,5 particules par litre dans les bouteilles en verre, contre 1,6 particule dans les bouteilles en plastique ou les briques.
Comment expliquer que l’eau embouteillée contienne beaucoup moins de microplastiques que les autres boissons ? « Il est difficile de répondre à cette question, car notre objectif était de réaliser un constat, explique au Monde Guillaume Duflos. Il faudra d’autres études complémentaires pour expliquer ces différences. Pour l’heure, nous avons identifié une piste qui est la peinture des capsules, mais la contamination est forcément multifactorielle. Les niveaux de microplastique peuvent aussi être liés aux boissons elles-mêmes ou encore au plastique ajouté sur les capsules pour l’étanchéité. »
En l’absence de données toxicologiques de référence, il n’est pas possible de dire si les quantités de microplastiques trouvées présentent ou non un risque pour la santé, rappelle l’Anses.