Son interprétation de “Ah ! Ça ira” avec le groupe de metal Gojira, a marqué la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Marina Viotti proposera, jeudi 10 juillet, au Festival de Toulouse, une création cabaret qui mêlera le chant lyrique et la danse.
Marina Viotti, êtes-vous chanteuse lyrique ou metalleuse ?
Je ne sais pas… Les gens qui me connaissent oublient que je suis une chanteuse lyrique parce que je suis assez rock’n’roll dans ma vie, dans mon attitude et dans la musique que j’écoute. Au sens où… J’aime la spontanéité, je n’ai pas besoin de grand luxe. Quand on pense à une chanteuse lyrique, on a encore un peu l’image de la Castafiore. Je suis très sportive, je suis un peu masculine dans mon rapport aux activités que je pratique. Je n’écoute quasiment jamais de musique classique. J’écoute beaucoup plus de rock ou de métal. Par contre, ça ne m’empêche pas d’avoir cette double casquette et quand j’arrive dans un théâtre, de revêtir la crinoline, d’adorer mon métier et de me mettre dans la peau de tous ces personnages incroyables.
Comment avez-vous vécu cet enchaînement de succès depuis la cérémonie d’ouverture des JO Paris 2024 avec Gojira ?
C’est assez incroyable. Sur le moment, on ne s’en rend pas trop compte. Ce n’est que quelques semaines plus tard, quand tous les gens vous en parlent, quand on voit ce que ça amène dans notre vie, on se dit, ah oui, c’est impressionnant. Il y a encore aujourd’hui des tas de gens qui me taguent, quand ils passent devant la Conciergerie, comme si maintenant, on était entré dans l’histoire de cette cérémonie. Il y a des images qui vont rester pour plusieurs générations. C’est très touchant, ça fait plaisir et en même temps on se sent un peu dépassé par la grandeur du truc car ma vie de tous les jours n’a pas changé pour autant. Je reste la même personne mais c’est vrai que ça donne beaucoup d’élan pour la suite.
Que préférez-vous chanter ? “Ah ! Ça ira” version metal ou du bel canto avec Rossini ?
Je ne peux pas choisir. Mon idéal, sans plaisanter, depuis toujours, c’est d’avoir cette double vie. C’est-à-dire de faire le festival Rossini de Pesaro et dans la même saison de faire des Zéniths avec un groupe de métal. C’est un peu ce qui est en train de se passer et c’est quand même très cool.
Vous n’avez pas été approchée par le Hellfest ?
Ben si, mais il faut que j’aie un projet de prêt… Je travaille dessus parce que c’est vraiment mon rêve. Et puis, c’est aussi symbolique, ça amène toute une nouvelle génération à oser plus de choses et à se dire que tout est possible.
Il est rare quand même de cumuler une Victoire de la musique artiste lyrique et un Grammy Award de la meilleure proposition métal…
Oui, mais je me souviens, quand j’ai commencé tout ça, je disais que j’avais envie de faire bouger les choses, de montrer qu’on peut être multiple. C’est possible mais il y a tellement de travail derrière tout ça, tellement de sacrifices aussi, tellement de discipline, et d’avoir osé des choses, d’avoir des fois trébuché, ça mène à atteindre ses rêves, en fait.
Alors, on va encore changer de style avec votre création “Cabaret by Marina Viotti” pour le festival de Toulouse. De quoi s’agit-il ?
C’est un peu comme un one woman show. Ça parle d’une femme d’aujourd’hui qui se réveille après avoir trop bu. Dans son lit, il y a un mec, elle ne sait plus son prénom, mais il fait une omelette chez elle… C’est vraiment une chanson de William Bolcom “Toothbrush time” et même si le nom de cabaret a été donné au spectacle, il s’intitule “About Last Night”.
Cette fille se demande “comment j’en suis arrivée là ?” Et à partir de là, elle va dérouler toute l’histoire de ses amours et ça, ça me permet d’aller dans tous les styles musicaux, donc l’opéra, l’opérette, le cabaret, le lead, le jazz, la chanson française et d’explorer comme ça des langues différentes et d’amener un peu le public dans l’histoire de cette jeune femme, de le faire participer, de le faire rire, de le toucher. C’est très moderne, ce n’est pas du tout une forme de récital classique où normalement on est debout avec le piano. Là, il y a une petite mise en scène avec une danseuse du Ballet du Capitole. C’est très vivant, plein d’humour.
Comment est né ce projet ?
C’est un projet que j’ai créé déjà quand j’étais au conservatoire. Il avait un autre nom, il était moins évolué, mais le conservatoire m’avait proposé une carte blanche, parce que j’étais un petit peu un électron libre…
Sur quelles scènes on pourra vous entendre la saison prochaine ?
Je vais faire quelques dates de la tournée de Gojira en France. C’est un peu un secret mais plus trop maintenant… Je vais aussi chanter à l’Opéra de Zurich, notamment. Je vais faire “La Chauve-souris” de Strauss. Je serai au festival de Salzbourg pour un Rossini, justement. Je vais faire aussi ma première “Carmen” et mes débuts aux États-Unis, à Dallas.
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Avez-vous envie de revenir à Toulouse, peut-être pour chanter au théâtre du Capitole, cette fois ?….
J’aimerais beaucoup. C’est un très bon théâtre avec un magnifique orchestre. J’espère que ma venue au Festival de Toulouse donnera des idées au directeur du casting… En plus, Toulouse est une belle ville que j’aime beaucoup avec une super équipe de rugby.