Le 31 mai 2025, la salle Kavka à Anvers a vibré au rythme de la musique des groupes et artistes à l’affiche du Harmony Metal Fest, un événement dédié aux passionnés de metal symphonique. Quand on est, comme votre serviteur, un nostalgique des années MFVF, assister à ce festival relevait de l’évidence la plus élémentaire. La salle de taille moyenne accueille une belle affluence. La soirée s’annonce donc plutôt bien. Le temps de saluer quelques habitués et il est déjà l’heure de démarrer.
Dès son entrée en scène, le projet Anna KiaRa, emmené par la chanteuse Anna Moiseeva, a captivé le public par sa présence élégante et son timbre de soprano, oscillant entre puissance et douceur. Anna n’est pas une inconnue puisque j’avais eu l’occasion de la voir et de l’entendre avec son groupe précédent, Imperial Age, qu’elle a quitté en 2023. Sur scène, Anna défend le répertoire de son groupe avec conviction et propose même en avant-première des extraits de l’album sorti la semaine suivante. Pour rappel, la discographie d’Anna KiaRa se compose de 3 albums: « Storyteller » (2020), « Archangel » (2022) et « Symphony of Rage » (2025). Musicalement, on est dans un univers de metal symphonique, mais qui n’hésite pas à intégrer des éléments de genres voisins comme le power metal, le black metal symphonique, le metal moderne et le heavy metal. Notons aussi que bien qu’ayant une voix de soprano, Anna chante aussi en voix non opératique.
Au programme, une setlist copieuse mettant fortement l’accent sur le nouvel album: « God of War » (2022), « Blood of Heroes » (2025), « Excalibur » (2025), « Archangel » (2022), « Broken Illusions » (2020), « Icy Wasteland » (2025), « She-wolf » (2025), « Loneliness » (2020), le fascinant « Poetry of Despair » (2025), « We Are The Stardust » (2020), « Viking » (2020), « Symphony of Rage » (2025).
On retiendra de cette prestation la justesse de l’interprétation, la clarté des aigus et la capacité à transmettre une large palette d’émotions, tant dans les passages épiques que dans les moments plus intimistes.
C’est ensuite au tour de Skeptical Minds de régaler les festivaliers avec sa musique rock/metal électro-industriel aux accents gothiques. À la barre, le guitariste Michel Stiakakis et la chanteuse Karolina Pacan, entourés de Benjamin Lazzano aux fûts et Adrien Josson à la basse. Cela faisait un bail que je n’avais plus vu ces esprits sceptiques sur scène et je me réjouissais donc d’autant plus de les retrouver et d’entendre en live des extraits du dernier album en date. Ce dernier est d’ailleurs marqué, comme le précédent, par une collaboration intense avec l’artiste visuel Alain Poncelet, également présent dans la salle.
Et dès les premières secondes, on sent que le contrat est parfaitement rempli: Skeptical Minds a littéralement électrisé la scène du Kavka en livrant une prestation dont le groupe a le secret, prestation à haute teneur en metal industriel, en humour et en communion avec le public. Si Karolina peut paraître réservée dans la vie courante, une fois sur scène, elle devient une véritable tornade au talent vocal insoupçonné. Tantôt douce et envoûtante, tantôt rageuse et percutante, elle a su mettre le public dans sa poche. De son côté, Michel, le fondateur du groupe, a manifestement pris son pied sur scène face aux réactions enthousiastes du public, auquel il a servi en retour des riffs incisifs et des parties de guitare impeccables. Chaque chanson a été accueillie avec ferveur par le public, manifestement séduit par la rythmique implacable du groupe. Ce même public a d’ailleurs été invité à rejoindre le groupe sur scène, ce qui a d’ailleurs porté l’ambiance à son point culminant. Bref, un groupe soudé qui a su allier originalité, émotion et puissance. Pour preuve la reprise explosive de « Ace of Spades« , hommage vibrant à Motörhead, qui a littéralement enflammé la salle et clôturé le concert dans une ambiance survoltée.
La setlist se composait des morceaux suivants: « Alcohol » (du EP « Living in a Movie » de 2013), « Old Man » (de l’album « Kharon » de 2023), « Desert » (2023), « No Way Out » (de l’album « Skepticalized » de 2010), « Reunion » (2023), « Skeleton key » (du EP , « Broken Dolls » (2010), « The Beauty Must Die« (2007), « Living in a Movie » (du EP éponyme de 2013) et l’indéboulonable « Ace of Spades« . Clairement un de mes moments préférés de la soirée!
Le troisième groupe à monter sur scène fut Solitude Within, formation belge de metal symphonique emmené par la chanteuse et claviériste Emmelie Arents, accompagnée de Jean-Paul Laffargue (guitare) et Quincy Van Overmeire (guitare, grunts), Sabine Engelen (batterie) et Fré Delaey (basse). Véritable âme du groupe, Emmelie a subjugué la salle par sa voix à la fois puissante et nuancée, oscillant entre envolées lyriques et passages plus intimes. Son jeu de scène, tout en sincérité, a créé une connexion immédiate avec le public. Solitude Within a installé une ambiance envoûtante, portée par des arrangements soignés et une mise en scène sobre, mais efficace. Le public a été très vite emporté par la force émotionnelle des morceaux, entre passages épiques et moments de pure délicatesse. Mais l’univers musical de la formation de Ninove est nettement plus sombre et emmène les festivaliers dans un voyage vers le côté obscur de la psyché humaine.
Les titres des morceaux interprétés, extraits des albums « Disappear » de 2017 et « When Kingdoms Fall » de 2022, ne laissent d’ailleurs guère de place au doute: « In the Dark« , « Blame« , « When Kingdoms Fall« , « Further Away« , « I’m Not Lost« , « Burn« , « Disappear« , « Turn Away« , « Land of Disarray« , « Ice and Fire« , « To the Grave« , « Astray » et « Fade Away« .
Une prestation solide, avec des musiciens maîtres de leur art et une chanteuse capable de nous faire voyager au fin fond de l’âme humaine. Très jolie prestation et groupe conseillé aux amateurs de Within Temptation notamment.
La tête d’affiche de la soirée n’est autre que le groupe Ad Infinitum, le talentueux quatuor formé par la chanteuse Melissa Bonny, le guitariste Adrian Thessenvitz, le bassiste Korbinian Benedict et le batteur prodige Niklas Müller (qui accompagna jadis Serenity en tournée comme… guitariste). Dotée d’un registre vocal impressionnant, Melissa passe avec une aisance déconcertante du chant clair à des growls profonds, parvenant à mêler ces deux style sans transition. Excellente frontwoman et habituée de la scène, elle sait comment mettre en valeur la musique du groupe tout en tenant le public à sa merci. Mais tout cela ne serait sans doute pas possible non plus sans les excellents Adrian Thessenvitz et Korbinian Benedict, véritables virtuoses respectivement à la guitare et à la basse. Le kavka a été pris dans un véritable ouragan musical qui a emporté tout sur son passage pour le plus grand bonheur du public présent.
Ceux que le magazine allemand Hardline Magazine a qualifiés de “nouveaux espoirs du metal mélodique moderne” by (DE) et que le magazine danois Metalized Magazine considère comme “l’un des groupes metal épique moderne les plus prometteurs d’Europe” ont mis le paquet pour remercier les festivaliers d’être venus soutenir ce nouveau festival et les groupes qui s’y produisaient. Pour cela, une setlist solide composée des titres suivants, dont plusieurs ont déjà acquis le statut de tubes: « Follow Me Down » (extrait du dernier album « Abyss » sorti en octobre 2024), « Aftermath » (2024), « Your Enemy » (extrait de l’album « Chapter II – Legacy » de 2021), « Upside Down » (extrait de l’album « Chapter III – Downfall » de 2023), « Somewhere Better » (2023), « Architect of Paradise » (2023), « Anthem for the Broken » (2024), « Outer Space » (2024), « Surrender » (2024), « Animals » (2021), « Seth » (2023), « See You in Hell » (extrait de l’album « Chapter I – Monarchy » de 2020), « The One You’ll Hold On To » (2024), « My Halo » (2024), « Unstoppable » (2021), « Live Before You Die » (2020) et pour finir « Into the Night » (2021).
Un concentré de talent, de puissance et d’énergie qui justifie amplement la place du groupe en tête d’affiche. Une prestation bluffante qui n’aura laissé personne indifférent. Le public incandescent était parfaitement en phase avec le groupe, répondant avidement aux sollicitations des artistes. Bref, un autre très grand moment de la soirée.
En conclusion, on peut dire que l’édition 2025 du Harmony Metal Fest était particulièrement réussie. Ce petit festival à taille humaine a réussi son pari, confirmant ainsi la vitalité de la scène metal symphonique à Anvers, avec une programmation équilibrée entre talents émergents et valeurs sûres du genre. De mon côté, je suis certain que, comme la grande majorité des autres festivaliers, je décompte déjà les jours jusqu’à l’édition de l’année prochaine.
Accréditations: Harmony Metal Fest
Texte: Hugues Timmermans
Photos © 2025 Hugues Timmermans
Toutes les photos de Anna KiaRa | Skeptical Minds | Solitude Within | Ad Infinitum