L’occasion, déjà, pour ses opposants de se faire entendre, par un happening orchestré par les Rondins des Bois. D’ailleurs cette fois, ils ne sont pas contentés de manifester devant le siège de la collectivité mais se sont imposés quelques minutes dans la salle de réunion pour y jouer un sketch, au grand dam des représentants d’Elyse Energy, rappelant que le moment n’était pas ouvert au public.
Procédé de Fischer-Tropsch
Ce n’était tellement pas ouvert au public ce soir-là, sur ce sujet-là, que la presse, habituellement tolérée, a été invitée à sortir après un point d’actualité sur E-CHO. Secret industriel oblige, nous a-t-on expliqué, alors que la technologie qui va être employée sur le site, pour transformer de la biomasse ligneuse en biocarburant, a déjà été présentée dans les grandes lignes par Elyse Energy, et même sur son site internet…
Rappelons tout de même qu’ici, c’est Axens, filiale privée d’IFP Energies Nouvelles, qui devait détailler le cœur du procédé, à savoir comment convertir du gaz, du charbon ou de la biomasse solide en carburant liquide.
Le bois passera par une phase de torréfaction, pour en faciliter le broyage et en densifier l’énergie. La matière obtenue sera ensuite gazéifiée, en gaz de synthèse qui sera traité par la suite par le procédé de Fischer-Tropsch, qui permet de produire des carburants synthétiques à base de monoxyde de carbone et d’hydrogène.
Selon nos informations, au moins une inquiétude s’est élevée durant la réunion, à propos du traitement de la biomasse devant être broyée et sur le bruit que cela va générer, apparemment nuit et jour. L’industriel aurait répondu que cela ne fonctionnerait pas le week-end.
Du stockage d’hydrogène au cas où
Avant le huis clos, on a pu apprendre également qu’était confirmée l’installation d’un stockage « tampon » d’hydrogène sur le futur site de BioTJet, à la surprise notamment du maire de Bésingrand. Elyse Energy l’a justifié par un besoin de « flexibilité », pour pallier, au cas où, une baisse d’approvisionnement électrique de la part de RTE et poursuivre tout de même l’activité de l’usine. On ne connaît pas encore le volume de stockage prévu, mais il pourrait être enterré.
Par ailleurs, le volume de production d’e-methanol cette fois a été revu légèrement à la hausse, de 50 000 tonnes par an, à 88 000 tonnes finalement.
À la demande des autorités et des élus, également, HyLacq, le site de production d’hydrogène à Mourenx, sera finalement classé en zone Seveso seuil haut comme les deux autres sites, « les risques étant les mêmes » a rappelé le maire Patrice Laurent. « Dans un souci de cohérence et de sécurité », mais ce qui n’a pas d’incidence pour les riverains.
De l’import au démarrage
Mais surtout, c’est à nouveau le sujet de l’approvisionnement en biomasse qui est revenu sur le tapis, ces 300 000 tonnes de matière sèche qui proviendront pour un tiers de bois énergie, pour un tiers de déchets bois et pour un tiers de déchets agricoles. Ce au moment où BioTJet fonctionnera à plein régime. Avant cela, il a été confirmé que sera fait appel à de l’import de bois au démarrage.
Quant aux filières qui doivent fournir cette biomasse, « le travail se poursuit pour les structurer, afin d’être prêt en 2030 » a assuré Elyse Energy. L’industriel est d’ailleurs conscient qu’il n’est pas le seul à viser cette manne. Et de citer les garde-fous en la matière, un cluster biomasse à la CCLO, une cellule biomasse en préfecture de région ou encore le comité départemental de gestion durable de la biomasse promis par le préfet à ses vœux et dont l’installation est justement programmée ce jeudi 5 juin.