Ceux qui connaissent un tant soit peu Amélie Osmond savent qu’elle a, outre la culture de la vigne, une autre passion dans la vie. Une passion que certains qualifieront de bruyante mais que d’autres – les convertis – accueilleront avec l’index et l’auriculaire dressés en « cornes du diable ». La jeune femme est une fan de metal, pas celui qui sort des usines sidérurgiques, mais plutôt des amplis (Marshall de préférence) ; habituée, entre autres, du Hellfest de Clisson ou, plus près de nous, du festival 666 de Cercoux, en Charente-Maritime.
Rien d’étonnant, alors, qu’elle soit à l’origine du premier festival qui va secouer la paisible cité des bords de la Dordogne, baptisé Bourg d’Hell – on aime bien le jeu de mots. « Depuis six ans, je suis chargée de la partie musicale sur la Nuit du terroir [organisée dans le parc de l’Esconge par les Jeunes vignerons, NDLR]. Il y a quelques années, avec des collègues, on a eu l’idée de profiter de l’installation dans le parc de l’Esconge pour organiser quelque chose sur deux jours. Mais ça a fait peur, c’était du travail en plus. Et puis, en janvier dernier, je me suis décidée à me lancer sur deux soirs, en proposant quelque chose de différent », explique-t-elle. Et ce quelque chose de différent est donc cette programmation metal qui est aussi une façon de répondre à une envie qui la titillait à force de courir concerts et festivals. « Cela fait vingt-trois ans que je rêve d’organiser un concert de metal », confie-t-elle.
Les Toulousains de Psykup seront la tête d’affiche de ce premier festival.
Archives Loïc Déquier/SO
« Des gentils »
Un pari que de vouloir proposer du metal en cette terre de Haute Gironde ? Pas tant que ça, si on écoute la vigneronne. « L’avènement de Gojira lors des Jeux olympiques a provoqué un gros intérêt pour ce genre musical. C’est bien aussi d’amener une proposition quand des événements périclitent sur le territoire [le Black Bass Festival a dit adieu l’an passé, NDLR]. Je suis certaine qu’il y a ici un public pour ça. Et c’est aussi le moyen de montrer que les métalleux sont des gens sensés et normaux, pas des égorgeurs de poussins, sourit-elle encore. Les métalleux sont des gentils, je n’ai jamais assisté à une bagarre pendant un concert, ce qui n’est pas le cas sur certains concerts de rock. »
« Je ne voulais pas qu’il n’y ait qu’un seul style de metal. Là, les groupes sont assez différents les uns des autres »
L’idée n’a, en tout cas, pas soulevé de vagues du côté des vignerons des Côtes de Bourg et organisateurs de la Nuit du terroir. « On leur avait déjà préparé les oreilles lors de soirées festives », rigole Amélie Osmond. De même, elle a su trouver les arguments pour convaincre le maire, Pierre Jolly, que Bourg d’Hell ne rimerait pas avec b… De fait, elle a entraîné avec elle des collègues et des amis de Bordeaux : « J’ai vu arriver des bénévoles dans tous les sens. » La preuve que le message passe autant que le charisme de la jeune femme fait effet. « Tous les gens à qui j’ai l’occasion d’en parler trouvent ça génial », se réjouit-elle. Espérant que même les réticents feront l’effort de venir, « pour voir au moins une fois plutôt que de juger sans connaître ».
Scène couverte
Pour l’occasion, l’aménagement du parc de l’Esconge sera quelque peu modifié par rapport aux années précédentes, « pour ne pas avoir à tout plier le soir et remonter pour la Nuit du terroir, qui aura lieu le lendemain ». La scène, « enfin couverte », sera ainsi déplacée pour créer un espace de concert d’une jauge de 1 500 personnes. « Il y aura trois food trucks salés et deux sucrés, et un bar avec bière, vins et softs », précise Amélie Osmond.
Quant à la programmation, elle regroupera donc quatre groupes : les Bordelais de Theorem, Pines Alley 29, Matrass, et les Toulousains de Psykup. « Je ne voulais pas qu’il n’y ait qu’un seul style de metal. Là, les groupes sont assez différents les uns des autres. L’idée était aussi de proposer des groupes de la région. » À l’écoute, Theorem évolue entre death metal mélodique et metalcore. Pines Alley 29, « c’est du metal alternatif », assure Amélie Osmond. Quant à Matrass, groupe de post-hardcore et post-metal, il a la particularité d’être emmené par une chanteuse, Clémentine, à la voix superbe, aussi à l’aise sur le chant clair que sur les moments de saturation. Psykup, enfin, est le groupe le plus ancien et sans doute le plus connu, son metal étant un mélange de heavy, de hardcore, de trash ou encore de fusion.
Il ne reste plus qu’à patienter jusqu’au 1er août, tandis qu’Amélie Osmond et ses potes sont à la recherche de sponsors et partenaires pour cette soirée, « à partir de 100 euros », précise-t-elle. Une bonne œuvre, en quelque sorte.
Tarifs et réservations
La soirée se déroulera de 18 h 30 à 1 heure. Les préventes sont ouvertes jusqu’au 13 juillet sur helloasso.com. Tarifs : 17 euros (20 euros ensuite), 10 euros pour les 12-18 ans et gratuité pour les moins de 12 ans.