En à peine 5 ans, Allen Tani a développé son entreprise de chaudronnerie, ETRI Sud-Ouest, à Villecomtal-sur-Arros, en multipliant les effectifs par 3 et le chiffre d’affaires par 5. Une trajectoire à haute vitesse pour cet ancien directeur de la concession automobile Renault-Tarbes…
Entré chez Renault-Tarbes en 1988, en bas de l’échelle comme on dit, Allen Tani en a gravi tous les échelons pour en devenir le directeur. Et puis l’envie d’autre chose l’a titillé. “Renault, c’était ma famille, mais j’avais besoin de liberté.” Il commence par investir dans une station de lavage, puis dans l’entreprise de peinture Latu. Et en 2013, il quitte Renault, il n’avait pas 50 ans, et donc encore de l’avenir. Et les propositions affluent. “De toute la France”. Mais ce Castrais de naissance, Bigourdan de cœur, voulait rester “au pays”. Fort de ses compétences en management, on le mandate pour un audit dans une petite société située à Villecomtal-sur-Arros, Actilas-Actijet, spécialisées dans la découpe de métal par jet d’eau ou par laser. “C’était en 2015, de fil en aiguille, j’ai décidé d’investir et j’ai racheté en 2017.” D’accord, c’est dans le Gers, mais juste à côté… Très vite, il devine qu’il faut élargir la production et rachète deux autres entreprises, l’une à Rabastens, qui fait de la soudure et une autre à côté de Marciac, spécialisée dans la peinture industrielle. “L’idée, c’était d’aller plus loin que la seule découpe de métal, et de réaliser des ensembles.”
Aéronautique, agriculture…
Et l’idée est bonne. Au départ, l’entreprise employait 12 salariés, réalisait 800 000 € de chiffre d’affaires, aujourd’hui, elle compte 30 personnes et pèse 4 M€… Avec des clients dans l’aéronautique, dans l’agriculture, le ferroviaire, les particuliers. “Nous sommes un peu un couteau suisse, on sait réaliser un peu tout, en série ou non, nous avons des machines programmables, un robot soudeur… Par exemple, on a conçu un semoir agricole, de la tuyauterie sur mesure pour un gros chauffagiste, des pièces pour avions, des portails.” Et même des braseros ! “Je pense que le fait de ne pas dépendre d’un seul client c’est primordial. Le plus gros que nous ayons doit représenter 10 % de notre activité. Si on le perd, on tousse un peu, mais on n’est pas malade !” Une réussite incroyable pour ETRI Sud-Ouest, pour Études Techniques Réalisations Industrielles. Pourtant, il ne connaissait rien à l’industrie, encore moins à la chaudronnerie… “C’est vrai, mais j’ai fait confiance à mes équipes, j’ai beaucoup écouté et appris grâce à eux, et j’ai fait en sorte que tout le monde se sente bien dans la boîte.” La base du bon management.
Un développement “éthique”
C’est pour cela qu’en 2021, il s’installe dans un tout nouveau bâtiment qu’il fait construire juste à côté. “C’est un bâtiment “écolo”, on récupère les eaux pluviales pour nos besoins, le toit est photovoltaïque, on est presque autonomes en énergie. On a tout regroupé ici, c’était plus cohérent.” Et surtout plus confortable. Dans les vastes ateliers, les machines ne sont pas entassées les unes sur les autres, les transports de charges lourdes sont mécanisés, l’endroit est climatisé… Et ça envoie du lourd, ici, 25 tonnes de métal arrivent et repartent chaque semaine… Dans les bureaux, c’est la même chose, c’est clair, aéré… “L’idée, c’était le confort pour nos équipes, on s’est dotés d’une salle de sport, d’un réfectoire, c’est important pour moi que l’on se sente bien. Quand on pense industrie, et surtout chaudronnerie, on imagine un monde à la Zola, ce n’est plus ça”, insiste celui qui est devenu l’an dernier le président de l’UIMM 32. Pas par besoin de prestige. “Non, j’ai juste envie de partager, d’aider à faire avancer les choses, d’apporter ma pierre. Et je suis un fervent défenseur du développement des zones rurales, je pense que l’avenir est là, pas dans les métropoles. D’abord parce que le cadre de vie est incomparable, c’est cool d’arriver au boulot en s’économisant une heure de bouchons… En outre, développer les zones rurales, c’est maintenir les populations, soutenir les commerces, préserver les écoles. C’est du vrai développement.” Et il glisse, un rien coquin : “A Villecomtal, nous avons 820 habitants, mais il y a plus de 700 emplois. C’est donc possible.” La preuve par l’exemple.