Une production d’électricité majoritairement bas carbone
La transition énergétique française a franchi une étape majeure en 2024. Selon RTE, 95 % de l’électricité produite en France provient désormais de sources bas carbone (nucléaire, hydraulique, solaire et éolien) pour un total de 536,5 TWh générés. Le nucléaire reste le pilier du mix énergétique, représentant 67,4 % de la production nationale, soit 361,7 TWh.
La filière hydraulique, particulièrement dynamique grâce à des conditions météorologiques favorables, contribue pour 74,7 TWh, un niveau inédit depuis plus d’une décennie. Le photovoltaïque, quant à lui, confirme son essor avec une progression de 9 % par rapport à 2023. La France a ajouté près de 5 GW de capacité solaire supplémentaire, portant la capacité totale à 25,3 GW.
Pour les particuliers, investir dans un panneau solaire devient une solution accessible pour produire de l’électricité propre et réduire leur dépendance au réseau. Cette dynamique participe à réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre du pays, en ligne avec les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), qui vise la neutralité carbone d’ici 2050.
Exportations record : la France moteur énergétique de l’Europe
Outre sa consommation intérieure, la France s’illustre en 2024 comme un exportateur net d’électricité majeur. Avec 89 TWh exportés, elle signe un record historique, surpassant le précédent pic de 2002.
Les principaux destinataires de cette électricité française sont : l’Allemagne (dont la sortie du nucléaire accroît la dépendance aux importations), la Belgique, l’Italie, le Royaume-Uni, la Suisse, et, à un degré moindre, l’Espagne. Ces performances s’expliquent par une forte disponibilité du parc nucléaire français (avec un taux de disponibilité supérieur à 75 %) et un contexte européen marqué par des tensions énergétiques persistantes.
Selon RTE, les revenus issus de ces exportations d’électricité ont également augmenté, permettant de renforcer la balance commerciale française dans un contexte économique tendu.
Le solaire, pilier d’une transition énergétique citoyenne
La montée en puissance du solaire photovoltaïque en France est une des tendances fortes de 2024. Le pays comptabilise 1,57 GW d’installations photovoltaïques en autoconsommation. Cette dynamique repose sur plusieurs facteurs :
● Simplification administrative pour les particuliers et professionnels ;
● Aides financières : taux de TVA réduit, crédits d’impôts ;
● Baisse des coûts des installations : – 15 % en moyenne
Un foyer équipé d’un kit solaire standard peut désormais couvrir jusqu’à 40 % à 70 % de sa consommation annuelle. De plus, un investissement dans le photovoltaïque est rentabilisé en moyenne en 2 à 4 ans. Cette tendance favorise une production énergétique décentralisée et renforce la résilience du réseau électrique national face aux pics de consommation.
Les défis de la transition énergétique
Malgré ces résultats positifs, plusieurs défis majeurs attendent la France pour réussir pleinement sa transition énergétique.
Accroître la consommation électrique bas carbone
La stratégie climatique française suppose une électrification massive des usages pour décarboner les secteurs les plus émetteurs (bâtiment, transport, industrie). Or, paradoxalement, la consommation électrique a légèrement reculé en 2024 (- 3,2 %) par rapport à 2023. Ce décalage souligne la nécessité de politiques publiques plus incitatives pour accélérer :
● L’adoption des véhicules électriques ;
● Le remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur ;
● L’électrification des procédés industriels ;
● Développer davantage les énergies renouvelables ;
Le solaire et l’éolien doivent continuer à croître pour diversifier davantage le mix énergétique et pallier la variabilité des conditions climatiques affectant l’hydraulique ou le nucléaire. Le gouvernement a d’ailleurs fixé un objectif de 100 GW de capacités solaires installées en 2050, contre 25,3 GW actuellement. Cela nécessitera d’accélérer fortement le rythme des installations, qui reste encore inférieur à celui de l’Allemagne ou de l’Espagne.
Perspectives : 2025 et au-delà
La France dispose de nombreux atouts pour relever ces défis :
● Un parc nucléaire rénové, avec de nouvelles constructions prévues d’ici 2035 (notamment les EPR2) ;
● Un potentiel solaire immense, avec des territoires bien exposés (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, PACA) ;
● Des capacités hydrauliques parmi les plus importantes d’Europe.
En 2025, plusieurs projets sont attendus. Il y a notamment le lancement de chantiers solaires de grande ampleur (parc de Horizeo en Gironde, plus grand projet photovoltaïque d’Europe). Et le développement de parcs éoliens offshore, notamment au large de la Normandie et de la Bretagne.
Par ailleurs, la France entend renforcer ses coopérations européennes sur l’énergie, en soutenant les interconnexions électriques transfrontalières, indispensables pour sécuriser l’approvisionnement énergétique du continent.
Bref, l’année 2024 a marqué une avancée historique pour la souveraineté énergétique française. Avec une production majoritairement bas carbone, une hausse du solaire et des exportations record, la France pose les bases solides de sa transition énergétique. Toutefois, l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050 nécessitera d’aller plus loin : massifier l’électrification des usages, accélérer le déploiement des énergies renouvelables et favoriser l’implication des citoyens et entreprises.
Le chemin est ambitieux, mais les bases posées en 2024 permettent d’envisager l’avenir avec optimisme.