Après s’être assurés de la fiabilité de ces données et de leur représentativité – les échantillons issus d’études portant spécifiquement sur des sites contaminés ayant par exemple été exclus – les chercheurs ont cherché à mettre en évidence les régions du monde les plus touchées et ont créé la première carte mondiale des métaux toxiques dans les sols, montrant que de vastes étendues de terres sont contaminées par une combinaison de facteurs, dont la pollution industrielle et l’érosion du substrat rocheux.
À partir de près de 800 000 échantillons de sols prélevés dans le monde entier, les chercheurs ont établi une carte de la contamination aux métaux lourds
Deyi Hou
Pour cela, cette équipe dirigée par Deyi Hou, spécialiste en sciences environnementales à l’université chinoise Tsinghua, s’est intéressée aux zones dans lesquelles les teneurs en au moins un métal – sur sept recherchés dont l’arsenic et le cadmium – étaient supérieures aux seuils recommandés pour l’exploitation agricole et la santé humaine.
Les métaux sont en effet toxiques à des doses variables pour l’homme, la faune et la flore, et peuvent contaminer divers écosystèmes via les chaînes alimentaires et l’eau.
Effet de dispersion
À partir de l’analyse des échantillons et à l’aide d’outils d’intelligence artificielle (IA), les chercheurs ont évalué qu’à l’échelle de la planète, entre 14 à 17 % des terres agricoles étaient contaminées par au moins un métal. Le sud de la Chine, le nord et le centre de l’Inde, ainsi que le Moyen-Orient, présentent des concentrations élevées de métaux toxiques dans leurs sols.
Les chercheurs estiment qu’entre 900 millions et 1.4 milliard de personnes vivaient dans des zones à haut risque. Sauf que le commerce international de produits alimentaires provenant de pays à haut risque peut entraîner une dispersion de ces risques et exposer davantage encore de personnes.
La contamination peut être d’origine naturelle, dont géologique – les métaux étant naturellement présents dans les roches à des concentrations variées -, et/ou liée à l’activité humaine, comme des rejets de l’industrie, de l’agriculture ou encore l’exploitation minière.
Résultats insuffisants
En raison d’un manque de données dans plusieurs zones, notamment en Afrique, les résultats de cette étude sont toutefois « insuffisants » pour permettre la mise en place de programmes ciblés d’atténuation des risques, préviennent les auteurs, mais doivent plutôt « servir d’alerte pour décideurs politiques et les agriculteurs ».