■ Les travailleurs népalais en compagnie de Leevy Frivet devant le ministère du Travail.
Onze travailleurs népalais, employés depuis novembre 2024 par la compagnie Joyessur Agricultural Co Ltd, pourraient retourner dans leur pays d’origine. Après deux grèves, l’une en décembre 2024 et l’autre en janvier 2025, une demande a été adressée, mercredi, au ministère du Travail pour annuler leur permis de travail.
Selon Leevy Frivet, représentant de ces travailleurs étrangers et consultant en relations industrielles, ces derniers n’ont pas reçu leur salaire comme il se doit et n’ont pas obtenu leur 14ᵉ mois, contrairement à ce que stipule la loi. De plus, le dortoir dans lequel ils résident à Roches-Noires est inapproprié. «La compagnie ne paie pas régulièrement les salaires et le dortoir est dans une condition inhumaine. Les Népalais n’ont rien à manger et le patron fuit le ministère du Travail», dit-il. Le consultant travaille également pour que ces travailleurs soient redéployés dans d’autres secteurs et qu’un employeur intéressé puisse les embaucher. Il affirme que cette société recruterait des étrangers pour les louer à d’autres entreprises. «Ces travailleurs ne veulent pas rentrer chez eux car ils souhaitent être payés par la compagnie. En aucun cas, ils ne veulent retourner dans leur pays», soutient-il.
La firme népalaise, All Solution Employment Service, a demandé à Leevy Frivet d’aider ces travailleurs. «Ma demande au ministère est que ces travailleurs reçoivent ce qui leur est dû et que le ministère du Travail les redirige vers d’autres entreprises», ajoute t-il. Par ailleurs, une équipe du ministère du Travail a effectué une inspection des dortoirs de la compagnie, mercredi matin.
Selon Mᵉ Ali Suhootoorah, avocat de la compagnie Joyessur Agricultural Co Ltd, cette affaire n’est qu’une histoire montée de toutes pièces. «L’employeur a effectué ses paiements», affirme l’avocat, qui assure que tout a été fait dans le respect de la loi. Il explique que ces travailleurs ont commencé à travailler en novembre et ont fait grève en décembre à cause du boni de fin d’année. «Le boni est payé au pro rata», précise-t-il. Il ajoute que le contrat des travailleurs ne mentionne pas qu’ils ont droit à la nourriture. «C’est clairement indiqué dans leur contrat», insiste-t-il. Mᵉ Ali Suhootoorah soutient que le dortoir pointé du doigt par le représentant des travailleurs n’a jamais été occupé par ces derniers. «Il s’agit d’un dortoir en rénovation. Les travailleurs ont effectué des heures supplémentaires et ont été payés pour cela», précise-t-il. L’avocat indique que les travailleurs étrangers ne seront pas déportés, mais que l’employeur a le droit de décider de leur sort. «Nous n’avons jamais mentionné cela, à aucun moment. C’est le dernier recours», explique-t-il à propos de la déportation des travailleurs. Si ces derniers sont redéployés, précise-t-il, cela se fera aux frais de leur employeur actuel.
Il prévoit également de poursuivre le consultant Leevy Frivet pour ses propos qu’il qualifie de «diffamatoires». Le cas sera à nouveau examiné le 28 février au ministère du Travail.